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Monthly Archives: juillet 2007

L’allée des crocosmias

L'allée des crocosmias à Giverny Tout en bas du Clos Normand, dans le jardin de Claude Monet, l’allée des crocosmias en pleine floraison flamboie de rouges et de jaunes. Selon les principes chers au peintre, le massif mêle différentes sortes de fleurs. Parmi les rouges, on reconnaît des lys et de magnifiques crocosmias, ces fleurs de la famille des iris qui recourbent leurs tiges pour fleurir à l’horizontale. Parmi les jaunes, des lysimaques et des lys, le tout bordé de petites alchemilles mousseuses.
A y regarder de près, vous identifierez encore d’autres fleurs dont les floraisons se succèdent. Au bout du massif, un petit banc de pierre invite à une contemplation prolongée des corolles enflammées.

Marquise

marquiseLes auvents vitrés qui protègent les perrons portent un bien joli nom, marquises. Ils ont été très populaires au siècle dernier avant de passer de mode. C’est pourtant pratique de pouvoir chercher sa clé sans se faire tremper, et courtois de ne pas laisser les gens qui sonnent chez vous attendre sous la pluie.
Les marquises sont presque toujours aussi jolies que leur nom. Certaines ont des vitrages festonnés, d’autres s’ouvrent en éventail. Les ferronneries les plus simples n’oublient jamais d’être gracieuses et légères, les plus sophistiquées donnent un cachet ancien et cossu à la maison.
Vernon a connu une belle expansion à l’époque où Monet vivait à Giverny. Des rues entières ont surgi des champs. Dans ces quartiers devenus anciens, mais qui ne sont pas moyenâgeux, les marquises se déploient à l’avant des façades sur la plupart des maisons, et se laissent collectionner du regard.

La Seine à Lavacourt

Lavacourt, Claude Monet, 1880, Dallas Museum of Arts, TexasPourquoi aller bien loin quand on a de jolis motifs sous les yeux ? A Vétheuil, Claude Monet n’a qu’à descendre l’escalier de son jardin pour se retrouver au bord de la Seine. Le fleuve décrit une courbe majestueuse au pied de la pittoresque église du bourg.
En face de lui, sur l’autre rive, le peintre aperçoit les maisons du petit village de Lavacourt – guère plus qu’un hameau perdu à la pointe de la presqu’île formée par le méandre. Le lit du fleuve est parsemé d’îlots où poussent des saules.
Monet s’installe pour peindre. Il est probable qu’il choisit de s’asseoir dans son bateau-atelier toujours amarré au bas du jardin. LavacourtDu moins, on ne peut pas voir aujourd’hui depuis la berge l’angle qu’il choisit, avec la courbe du fleuve et le clocher de Saint-Martin La Garenne pointé à l’horizon, en haut de la colline. Pour retrouver cet angle il faut s’avancer un peu sur l’eau.
C’est en 1878 que Monet peint ce paysage pour la première fois. Il y revient l’année suivante pour une série de quatre vues, puis à nouveau en 1880 avec ce tableau-ci. (Lavacourt, Claude Monet, 1880, Dallas Museum of Arts, Texas).
Selon le catalogue raisonné, cette oeuvre de grandes dimensions, 100×150 cm, représentant une vue estivale a été exécutée dès le mois de mars d’après la série de toiles plus petites de 1879.
Les îles ont changé de place en 127 ans. A l’époque de Monet, le regard glisse le long de la Seine en direction de l’amont. Le fleuve s’avance vers le spectateur qui ne sait pas par quel miracle il n’est pas noyé. Rien, au premier plan, ne permet de savoir si l’on a les pieds au sec, exceptée une touffe ambiguë de roseaux.
Mais quelle sérénité dans ces bleus et ces verts pâles, réchauffés de quelques touches de rose presque chair !
Monet place la ligne d’horizon au milieu de la toile. A l’ouverture du premier plan répond l’étendue du ciel tout pommelé de nuages, qui vient se refléter dans les eaux mouvantes. C’est le matin, le paysage baigne dans une lumière douce et tamisée. Les façades des maisons éclatantes de soleil se mirent dans le fleuve qui fait danser les couleurs.

La maison de Monet à Vétheuil

La maison de Monet à VétheuilDes dimensions modestes, des volets verts toujours fermés qui tranchent sur une façade ocre : avec cet air banal et abandonné, la maison que Monet et sa famille ont occupée à Vétheuil n’aurait rien de bien extraordinaire, hormis sa plaque commémorative. Mais c’est sa petitesse même qui étonne. Comment ont-ils fait pour y vivre aussi nombreux pendant plusieurs années ?
Faisons l’appel. Deux familles vivent ici. Claude Monet et Camille, très malade, leur petit Jean et leur nouveau-né Michel. Et puis les Hoschedé, Ernest et Alice, et leurs six enfants, le dernier tout bébé. Ajoutons encore une nourrice, une institutrice, une cuisinière.
Quinze personnes ! Elles s’entassent dans une maison qui fait peut-être cent mètres carrés. Une pièce à gauche, une pièce à droite, la cuisine au fond. A l’étage, même disposition de trois pièces, sous les combles une dernière chambre. Monet occupe la pièce à droite de la porte, il y dort et y stocke ses toiles. A gauche, c’est sans doute la salle commune, avec peut-être un lit pour Camille. Au-dessus, la chambre des Hoschedé et celles où les enfants s’entassent, jouent et chahutent.
C’est dans cette petite maison surpeuplée qu’ils vont, les uns et les autres, passer les années les plus noires de leurs vies.

Le lycée de Vernon

Le lycée de VernonC’est presque les vacances… Les établissements scolaires s’apprêtent à entrer dans leur sommeil estival.
Au lycée de Vernon, voilà déjà plusieurs jours que le grand campus de 14 hectares est déserté, juste au moment où il est le plus beau avec ses grands arbres qui semblent échappés de la forêt toute proche.
Cet après-midi, pourtant, le lycée Dumézil a connu un petit sursaut d’animation avant de s’endormir pour l’été. On voyait des cohortes de jeunes à la mine anxieuse se presser vers la caféteria et se pencher, les sourcils froncés, sur de longues listes de noms. Et puis, le plus souvent, le soulagement, les cris de joie, les rires au bout des portables. Et parfois, l’amertume, et des pas qui s’en vont pressés loin de toutes ces démonstrations bruyantes.
C’est la vie comme elle va, doit se dire de là où il se trouve le grand philologue Georges Dumézil, cet érudit de l’histoire des religions et des civilisations indo-européennes qui maîtrisait une vingtaine de langues aussi improbables que l’ossète, le gallois, le persan et le turc.
S’il revenait aujourd’hui, je crois qu’il trouverait cela très bien que son nom ait été donné à un établissement où les jeunes se consacrent à l’étude, mais qu’il ne lui déplairait pas non plus d’y retrouver le calme propice à la réflexion.
Demain le silence sera retombé sur le lycée Georges Dumézil. Le grand totem de pierre qui, du milieu de la pelouse, veille sur les 2100 élèves, va pouvoir baisser la garde, et se contenter de servir de perchoir aux petits oiseaux.

Le jardin des arts, vue plongeante

Le jardin des arts à Vernon Un plaisir dont on ne se lasse pas quand, comme moi, on habite au rez-de-chaussée : monter tout en haut d’une tour et regarder en bas.
L’avouer vous donne immanquablement un côté provincial, tout comme reconnaître que vous trouvez encore cela ludique de prendre des escalators, un tapis roulant, voire, honte absolue ! l’ascenseur.
A l’inverse, remarquer le calme, s’étonner de la présence d’une vache vous désigne comme citadin.
C’est la merveille d’un oeil neuf, de sensations dont on n’est pas blasé. Du haut de la tour des Archives, à Vernon, le jardin des Arts dévoile toute la finesse de sa géométrie. Le regard s’attarde à détailler les bicyclettes abandonnées, les flâneurs étendus sur la pelouse, les enfants qui jouent avec les jets d’eau…
La distance idéalise la scène, lui donne cette abstraction intemporelle des illustrations de livres pour enfants. Les personnes deviennent personnages, des Playmobils sortis tout droit de la boîte « jardin public ».
Pourquoi ? Est-ce de la voir de l’extérieur qui permet de mieux s’y projeter ? Faut-il prendre ce recul ?
Depuis le sommet des tours, le monde cesse d’être un lieu où l’on vit, il devient un tableau que l’on contemple.

Cher lecteur, ces textes et ces photos ne sont pas libres de droits.
Merci de respecter mon travail en ne les copiant pas sans mon accord.
Ariane.

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