Il y a des instants où personne ne peut plus ignorer l’histoire en marche. Le brouhaha habituel du monde comme il va devient soudain un hurlement, tirant les jardiniers de leur jardin, les peintres de leur atelier. Ce sont des secondes où quelque chose bascule.
Chacun se souvient de la façon dont la tragédie du 11 septembre s’est imposée à lui. Cette radieuse journée de fin d’été, comme aujourd’hui, il y a cinq ans. Et puis, au détour des gestes du quotidien, cette violence impensable qui nous a percés au coeur.
Est-ce que nous mesurions, avant, la force de la haine ? Est-ce que nous soupçonnions qu’elle pouvait aller jusqu’à cette rage de tuer et de mourir, en mettant la mort en scène comme un spectacle à sensation ?
Ici, en France, beaucoup d’aspects de ce drame nous restent étrangers. L’architecture en est un. Nous ne comprenons pas ces tours inhumainement hautes, d’où l’on ne peut pas descendre à pied. Mais Madrid, depuis, nous a montré que l’absence de tours ne nous mettait pas à l’abri de l’assassinat collectif.
Giverny est terre américaine depuis plusieurs générations. Le musée d’art américain perpétue la présence des quelque cent artistes qui ont séjourné dans la colonie au tournant du 20e siècle. Tout le monde côtoie des Américains. Le 11 septembre nous a bouleversés comme un évènement personnel. Je me souviens des drapeaux en berne, des cloches sonnant le glas, de la prière collective à l’église, des minutes de silence…
Tout à l’heure j’ai levé les yeux vers le ciel pour regarder les avions voler, paisibles, droit vers l’ouest. Les nuages avaient la forme d’ailes d’anges.
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