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Giverny ce matin

Giverny ce matin

Juste avant 9h. La grande allée du jardin de Monet se devine sous les arceaux de roses.

Giverny ce matin

En cette saison, le regard traverse tout le jardin. Les iris de Hollande apportent une note bleue.

Giverny ce matin

Les tulipes roses et les myosotis forment le tableau traditionnel devant la maison, même si la pluie donne du fil à retordre aux jardiniers.

Giverny ce matin

Au pied de l’escalier, deux potées de jasmin parfument les environs.

Giverny ce matin

Un rayon de soleil fait chanter les couleurs des tulipes et des jacinthes d’Espagne aux jolies clochettes bleues.

Giverny ce matin

Les fritillaires de Perse, très sombres, dépassent du massif violet, à l’est.

Giverny ce matin

Sous leur toit de paille, les énormes pivoines japonaises ne craignent rien des giboulées et offrent en ce moment le meilleur de leur floraison.

Giverny ce matin

Feux d’artifices d’octobre

Feux d'artifices d'octobre
Giverny, 8h35.
Feux d'artifices d'octobre
La brume s’attarde sur le clos normand.
Feux d'artifices d'octobre
Des vagues de fleurs viennent battre le pied de la maison de Monet,
Feux d'artifices d'octobre
à chaque pas différentes.
Feux d'artifices d'octobre
Les asters font le dos rond.
Feux d'artifices d'octobre
Les dahlias et les hélianthes crépitent.
Feux d'artifices d'octobre
9h12. Les premiers visiteurs attendent l’ouverture de la maison, tout en haut de la grande allée, somptueuse.
Feux d'artifices d'octobre
Partout des bouquets de couleurs, enguirlandés de soie.

Les pélargoniums de Monet

Les pélargoniums de Monet

Devant la maison de Monet à Giverny, un tapis de géraniums reproduit à l’identique celui cultivé par le peintre. Jusqu’aux variétés qui sont les mêmes : les rouges sont des Pélargonium X hortorum Paul Crampel, obtenus par Lemoine (France) en 1892 ; les roses s’appellent Pélargonium X hortorum Fraîcheur Beauty. Leur obtenteur est Cannell (Royaume-Uni) en 1910.

Je ne pouvais pas imaginer que ce serait si beau

Je ne pouvais pas imaginer que ce serait si beau
Tulipe frangée, giroflées et pensées à Giverny

Quel bonheur, ce jardin de Monet de la fin avril, dans l’éclat de ses tulipes et des fleurettes du printemps ! Silencieuse dans les allées, je tends l’oreille et je surprends cet aveu :

– Je ne pouvais pas imaginer que ce serait si beau.

Ce n’est pas « je n’imaginais pas » : je ne pouvais pas imaginer. La beauté du jardin de Giverny dépasse l’imagination, la met en déroute. On s’attend à quelque chose, un pont, des fleurs… Et on se retrouve soufflé par le spectacle du printemps à Giverny.

J’ai eu un peu de mal à illustrer ces propos dérobés à une visiteuse sous le charme. Aucune photo ne me paraissait à la hauteur, tant il est difficile de donner à voir l’impression générale autant que le détail, l’aspect de l’ensemble et la finesse de la broderie. J’ai finalement opté pour celle-ci en forme de synecdoque, où toute la beauté du jardin me paraît contenue dans une seule tulipe.

Garder la ligne

Garder la ligne

Voici un aspect du mur qui borde le côté nord du jardin de Monet, le long de la rue principale du village de Giverny. Les jardiniers de la fondation Monet ont décidé que cet hiver, ils vont changer le lattis de bois qui sert de tuteur à des plantes grimpantes : il a clairement fait son temps.

Je le soupçonne de dater de la restauration des jardins, il y a quarante ans, à cause de sa couleur bleu pâle. Avant de tout faire peindre d’un vert vif et franc, le restaurateur de la propriété, Gérald van der Kemp, avait d’abord opté pour cette teinte douce qu’on observe sur les tableaux de Monet, et qui était celle des huisseries de sa maison. Mais van der Kemp voulait restaurer les lieux dans leur état final, le plus abouti, et il s’est rendu compte que Monet avait opté à la fin de sa vie pour un vert plus claquant que ce ton bleuté qui évoque le sulfate de cuivre.

Tout a alors été repeint en vert. Tout ? Non ! Ce treillis de bois a résisté à la déferlante verte, sans doute parce qu’il n’est pas très visible dans son coin. Peu de visiteurs viennent fureter dans « l’allée du patron », comme la nomment toujours les jardiniers, celle qui relie le premier et le deuxième atelier, où van der Kemp s’était installé un appartement.

Le problème, quand on remplace quelque chose, est de garder la ligne, celle du parti pris. Rester fidèle à l’esprit du lieu et à celui de la restauration. Les jardiniers ont voulu d’abord s’assurer de ce que Monet avait à cet endroit. Au départ, rien du tout, un mur lisse et un peu ennuyeux. Et puis sur le tard, les photos anciennes révèlent un magnifique poirier palissé en palmettes, dont les branches forment des V.

Monet s’est fait plaisir, mais l’emplacement n’était pas très bien choisi, trop à l’ombre des tilleuls, et le poirier n’a guère vécu. Rester fidèle au peintre n’oblige tout de même pas à répéter ses erreurs.

Le rosier survivant

Le rosier survivant
Que reste-t-il à Giverny du jardin d’origine de Claude Monet ? Quelles sont les plantes qui ont survécu pendant un siècle ou même davantage ? Cette question, une personne sait y répondre : Gilbert Vahé, chef-jardinier de la Fondation Monet depuis le début de la restauration et jusqu’en 2017. C’est lui qui a oeuvré pendant près de 40 ans pour restituer les jardins créés par le peintre et leur redonner toute leur splendeur.

Parmi les survivants toujours présents, on compte des arbres, des arbustes, une glycine, et aussi un rosier : le rosier Mermaid qui pousse juste sous la fenêtre de la chambre de Monet. Remontant, il produit des fleurs simples jaune pâle de juin à novembre.

Le rosier Mermaid a inspiré un tableau à Blanche Hoschedé-Monet, que l’on peut voir en ce moment au musée de Vernon dans le cadre de l’exposition Saga familiale :

Le rosier survivant
Blanche Hoschedé-Monet, Roses Mermaid, collection particulière

Blanche a posé son chevalet devant le premier atelier, dont on aperçoit la fenêtre en haut du tableau. Et il me semble reconnaître dans la partie supérieure à droite la porte ouverte de l’atelier, lampes allumées peut-être, émettant une lumière orangée. Difficile de dater cette toile, quelque part entre 1927 et 1947, entre la mort de Monet et celle de Blanche. La touche vibrante est impressionniste, l’utilisation de l’espace fait penser aux Clématites de Monet, à ses Chrysanthèmes, au Parterre de marguerites de Caillebotte, des vues plongeantes qui couvrent toute la surface du tableau. Ici, Blanche donne de la verticalité à la toile grâce à l’évocation de la fenêtre.

Gilbert Vahé aime bien raconter l’histoire de ce rosier. En tant que chef-jardinier, il a eu maintes fois l’occasion d’accompagner des personnalités dans le jardin ; déambulations ponctuées de brefs commentaires : Gilbert Vahé n’est pas un grand bavard. En 1985, se souvient-il, l’hiver avait été si glacial que le rosier avait gelé. Mais la plante est repartie des racines au printemps suivant !

On sent dans son intonation toute la surprise et la joie éprouvées au début de 1986, quand il s’est aperçu que le rosier Mermaid refaisait de nouvelles pousses, son émerveillement devant la puissance de ce rosier et la résilience de la nature. Des émotions qui venaient remplacer la désolation ressentie après le gel.

J’aime le fait qu’il aime raconter cette histoire. On y entend de la fierté d’avoir préservé un rosier historique, de l’humilité d’avoir failli le perdre. Faire le tour du jardin avec Gilbert Vahé, c’est découvrir les lieux de son point de vue, comprendre un tout petit peu ses responsabilités et son métier, à travers son ressenti.

Le rosier Mermaid symbolise l’histoire du jardin de Monet, qui a failli disparaître, et qui est reparti vigoureusement de ses racines, grâce à tous les jardiniers de Giverny.

Massif rose à la Giverny

Massif rose à la Giverny

Ce massif rose très raffiné de Giverny se trouve devant la maison à gauche, au pied de la fenêtre du premier atelier. Les fleurs cascadent des grandes aux petites, et s’arrêtent devant vos pieds en une écume mousseuse faite d’oeillet, diascia, laurentia, pétunia, héliotrope, phlox, gomphrena, cuphea, zinnia, scaevola, asarine et certainement encore bien d’autres que je n’ai pas repérées…

L’été des dahlias

L'été des dahlias

Les dahlias sont en fleur à Giverny, et ne cessent de nous étonner par leurs couleurs et leurs formes chaque année plus extraordinaires. Dahlia dentelle, pompon, décoratif, balle, cactus, les genres de manquent pas et sont parfois si différents qu’on a du mal à croire qu’il s’agit de la même espèce.

L'été des dahlias

Les jardiniers les mêlent à beaucoup d’autres fleurs, ici des mufliers, sauges, asters et glaïeuls dans un massif plutôt violet, de façon à profiter au mieux de leurs couleurs sans qu’ils ne volent la vedette aux autres.

Les couleurs du printemps

Les couleurs du printemps
Giverny, Le clos Normand de Claude Monet fin avril.
Les couleurs du printemps
Les tulipes et les giroflées flamboient dans les massifs.
Les couleurs du printemps
Les azalées et les rhodos rivalisent de couleurs.
Les couleurs du printemps
Et les énormes pivoines se pavanent sous leur toit de paille.

Les voyages qu’on ne fera pas

Les voyages qu'on ne fera pas

Devant la maison de Monet, de grosses potées bleues montent la gardent. Les lobélias qui cascadent gracieusement par-dessus bord répondent aux tons du décor d’inspiration asiatique qui les orne. Un rêve bleu.

Je ne suis pas assez calée pour savoir si ce décor est japonais ou chinois, fait là-bas ou plus près d’ici. Mais peu importe au fond. Car Monet n’a jamais quitté l’Europe, sauf lors de son séjour sous les drapeaux en Algérie.

Il connaissait plusieurs régions de France : la Normandie en long et en large bien sûr, la Bretagne par son séjour à Belle-Île-en-Mer et Noirmoutier, le Sud-Ouest, la côte d’Azur, la Creuse… Il a fait de fréquents voyages à Londres. Il a visité la Suisse et l’Espagne. Il a peint longuement en Italie à Venise, à Bordighera, en Hollande. Tous les pays proches de la France, en somme, sauf l’Allemagne, où pourtant on appréciait sa peinture. Mais jamais il n’a songé à s’embarquer pour le Japon. Trop loin. Trop long.

Cela n’a pas empêché Monet de rêver du Japon toute sa vie, en fervent collectionneur d’estampes. Il s’est entouré de ces images exotiques, y puisant inspiration et délassement. De nombreux objets et meubles, dans sa maison, attestent de son goût pour le japonisme.

Nous revoilà dans la situation de Monet, cette année. Les pays aux antipodes sont redevenus des destinations lointaines, dont on ne fait que rêver. Nous en regardons des images sur nos écrans, tout en restant à la maison. Les raisons ne sont plus les mêmes que celles de Monet, mais le résultat est le même.

C’est une année à cultiver des lobélias.

Des iris à perte de vue

Des iris à perte de vue
Le jardin de fleurs de Monet le 20 mai

C’est le moment, celui auquel Monet écrivait à ses meilleurs amis – Clemenceau, Geffroy – pour les inviter à venir voir le spectacle des iris. Récemment renouvelés, ils offrent un panel incroyable de variétés toutes plus opulentes les unes que les autres, dans des coloris inattendus, comme cette merveille au premier plan.

Les iris d’aujourd’hui s’habillent de couleurs chaudes, orange, jaune, mordoré, bordeaux, et se déclinent du blanc au noir, unis ou bicolores, mouchetés de petits points, striés de fines lignes… Une splendeur. Si vous ne jurez que par les plus classiques, mauves ou bleus, vous ne serez pas déçu non plus.

Au bassin, les iris japonais plantés l’an dernier ont commencé à fleurir. De culture délicate car ils requièrent un sol inondable, leur forme gracieuse et leurs couleurs pâles nous sont moins familières. Ils ornent avec élégance les berges du bassin où les nénuphars roses sont en train de faire leur apparition.

Le joli mois de juin

Juin à Giverny

 Un vert anis aussi rafraîchissant qu’un pastis, c’est celui de l’alchémille mollis, plantée abondamment à Giverny en guise de bordure. 

Juin est un mois gracieux dans les jardins de Claude Monet. Le printemps touche à sa fin, et pendant que les roses dégringolent de leurs supports les massifs rivalisent de fraîcheur. Coquelicots rouges, pavots roses et eremurus orange et jaunes donnent de l’éclat à des parterres où les fleurs d’été se préparent. Les lis d’un jour déploient leurs corolles charnues.

Un cocktail parfumé répond à celui des couleurs. En ce moment cela sent le chèvrefeuille, les roses et les lis.  

Myosotis

Myosotis bleu et tulipes roses et rouges à Giverny

Après le jaune des premières fleurs de printemps, les jonquilles, les primevères, vient le bleu des myosotis.

Devant la maison de Monet, les massifs sont des mousses légères d’où émergent les têtes de tulipes roses, rouges et corail.

Cette composition est un grand classique de l’horticulture, mais comment pourrait-on s’en lasser ? On rêve de la revoir au printemps suivant. A Giverny, la couleur des tulipes change un peu chaque année, histoire de créer un brin de surprise.

(suite…)

Décodage

Massif violet à Giverny

Début octobre, l’opulence du jardin de Monet étonne et déconcerte les visiteurs. Si du côté du bassin aux Nymphéas, l’agencement du jardin se livre au premier coup d’oeil, il n’en va pas de même dans le clos normand. Chaque jour, en cette saison où l’exubérance végétale frise la folie, j’entends des visiteurs qui cherchent la clé de l’énigme. « Ca a l’air sauvage, mais on voit que c’est très pensé« , dit l’un. « There must be a scheme « , dit l’autre. Il doit y avoir un principe, des règles, un schéma, mais lequel ? « Regarde, il y a des perspectives« , remarque la troisième en plongeant le regard dans les allées rectilignes au pied du second atelier.
Chacun sent bien que ce jardin ne ressemble à nul autre. Pas de règles déjà vues ailleurs qui puissent s’appliquer ici. On essaie mais cela ne donne rien. Un jardin à la française ? Un jardin de cottage ? Un jardin de curé ? Une jachère fleurie ? Allons donc. Ca ne colle pas.
La clé de lecture est pourtant si simple. C’est le jardin créé par un peintre impressionniste fou de fleurs et de nature. Si on veut bien se donner la peine de comparer les pétales à des coups de pinceau, on y retrouve les règles chères aux peintres impressionnistes : de petites touches de couleurs voisines juxtaposées, la recherche de vibrance, de contraste, la disparition du dessin… L’opulence est la marque du désir de Monet de se fondre dans le végétal, d’avoir des plantes tout autour de lui. Le tracé rectiligne, dès lors, est le seul possible, et probablement celui hérité du potager-verger d’origine. Enfin, l’agrandissement du terrain de l’autre côté de la route induit la recherche de connexions entre les deux jardins, la plus remarquable étant la rivière de capucines qui paraît vouloir alimenter le bassin aux Nymphéas.
Voilà en quelques mots les grands principes. Quand même, je ne vous dis pas tout, je garde quelques éclairages supplémentaires pour les amateurs de visites guidées

Lavande

Lavande à Giverny

Quand la lavande est fanée en Provence, elle fleurit encore à Giverny. Ses touffes compactes bordent la jolie allée surnommée la boîte de couleurs, où les teintes des massifs forment un arc-en-ciel de chaque côté du chemin.

(suite…)

Le chemin dans les alchémilles

Giverny, juin

En juin les rosiers grimpants recouvrent la clôture côté route à Giverny. Ce sont des murs de fleurs qui s’élèvent, et le doux parfum des roses se répand aux alentours.

Les jardiniers ont à peine la place de glisser un pied entre les touffes d’alchémilles, le long du massif où claquera bientôt le rouge des crocosmias. Déjà les coquelicots sauvages jouent les contrastes. Mais c’est encore le rose qui domine, avec les pavots dans toute leur majesté, si beaux dans la lumière rasante qu’on ne se lasse pas de les photographier.

La touche de rouge

Eremurus et lupins

Un peu plus bas dans la grande allée, à la faveur d’un petit rayon de soleil, on pouvait observer l’effet vivifiant d’une pointe de rouge dans le tableau.
Les fleurs géantes du printemps préfigurent déjà l’été et ses immenses tournesols.
Et déjà on ressent cette impression que Monet aimait d’être immergé dans le végétal, cette orgie florale de la démesure.

Alliums

Giverny, le clos normand en mai

Dans le jardin de Claude Monet, la fin mai se colore de violet et de mauve. L’époque des iris coïncide avec la floraison des juliennes des dames et des alliums.
Avec sa boule ronde perchée tout au bout d’une interminable tige toute raide, l’allium est une fleur qui intrigue. Elle a un air d’avoir déjà été croisée quelque part, et c’est vrai : elle vient du potager. Allium est le nom d’un genre botanique qui comprend l’ail, bien sûr, mais aussi le poireau, l’oignon et la ciboulette.
Les obtenteurs ont si bien amélioré les alliums qu’il en existe une multitude de cultivars aux teintes différentes, des plus douces aux plus soutenues. Certains ressemblent à des pelotes à épingles. D’autres s’ornent de collections d’étoiles violettes. Les alliums Universe sont si gros qu’ils ont l’air de vouloir défier la Terre. D’autres, les plus curieux, fabriquent une deuxième ombelle autour de la première et atteignent des tailles respectables : jusqu’à 30 centimètres de large. Des monstres, des mutants qui captent les regards. Ah bon, ça existe des trucs pareils ? Ceux-là n’ont rien de familier, si ce n’est qu’ils évoquent ces feux d’artifices où la gerbe une fois arrivée dans le ciel explose à nouveau en une multitude de couronnes de lumière.
Les alliums sont les derniers bulbes du printemps. Ils fleurissent longtemps et charment les jardiniers par leurs multiples possibilités, qu’on recherche une ambiance romantique ou une composition nette et contemporaine. A Giverny, ils se marient avec des fleurs aux couleurs voisines, ancolies, camassias, oeillets de poètes, pour décliner toute une douce harmonie violette dans ce massif à l’est du jardin.

La palette du printemps

Giverny
Cette fois le printemps est bien là dans tout son éclat, un éclat à faire éclater les bourgeons, s’ouvrir les pétales et bourdonner les abeilles dans les cerisiers en fleurs.
Les couleurs claquent de partout, fièrement arborées par les tulipes au bout de leurs longues hampes, soulignées par les myosotis et les pensées, soutenues par ce vert si intense qu’on ne voit qu’au printemps, un vert qui a l’air bon à manger.
Un soleil généreux dore le jardin de Monet d’une lumière si vive qu’on voudrait la toucher. A contre-jour, chaque pétale irradie.
Les oiseaux ont entamé leur grand concert dans les ramures encore dénudées, et il flotte dans l’air une impatience de vivre, une hâte de croître qui gagnent malgré soi. Pourquoi tout doit-il aller si vite ? Chaque jour apporte son lot de nouvelles fleurs qui hier encore n’étaient pas là.
Les giroflées flamboient, les coeurs de Marie déroulent leurs colliers chargés de colifichets. Les fougères déploient leurs crosses. L’érable du Japon libère ses feuillettes comme autant d’origamis complexes qu’il s’est occupé à plier pendant tout l’hiver.
On devine que toute la nature tirait sur les rênes, et, enfin, se lâche, et il y a dans cet abandon à la force de la vie une énergie pure, un courant puissant comme l’eau d’un torrent, et une joie de s’y laisser entraîner.
Et que dire des humains ? Ils sont dans le ravissement, les yeux pleins du spectacle des milliers de fleurs plantées par harmonies de couleurs, tandis que l’air tiède de l’après-midi glisse sur leurs bras dénudés et que les fragrances mêlées élaborent un parfum si fleuri et printanier qu’ils prennent conscience de respirer.

Massif blanc

Massif blanc à Giverny

Les massifs monochromes de Giverny sont une source d’inspiration pour de nombreux jardiniers. Saison après saison, les gammes chromatiques restent les mêmes, mais les fleurs évoluent au fur et à mesure sans même qu’on s’en rende compte, tant leur renouvellement se fait progressivement.
Qu’y a-t-il en ce moment dans cette belle bordure blanche à l’est du jardin ? Des tulipes blanches et crème, des jacinthes, des narcisses, des fritillaires de Perse ivoire, des pavots d’Islande déjà en fleur car démarrés sous chassis. Voilà pour les plus grandes. Au-dessous poussent des pensées et des myosotis blancs, des ornithogalums, des alysses.
Les nuances vont du blanc pur au jaune doux, et de nombreuses fleurs mêlent les deux. Sur le vert frais des feuillages, le contraste est spectaculaire.

C’est parti pour le printemps !

Giverny en avril Cette fois ça y est, les floraisons printanières de Giverny sont belles, et bien là, comme en témoignent ces petits massifs sous les supports de l’allée aux clématites.
Vues d’en haut, les allées disparaissent derrière les fleurs.
Dans l’esprit d’une boîte de peinture, les couleurs s’y succèdent du blanc jusqu’au pourpre.
L’enfilade des structures métalliques invente des perspectives étonnantes, comme un cadre étrange pour segmenter la vision et mettre en valeur ce tableau de fleurs.

Palette de tulipes

Tulipes, GivernyC’est le moment de mettre en terre les bulbes qui fleuriront au printemps prochain, et depuis septembre les jardineries débordent d’oignons ensachés sous des photos prometteuses. Votre panier à la main, vous errez, indécis, le regard happé par tous ces rêves de floraisons printanières. Moment délicieux et délicat du choix, quand le jardinier se fait peintre et décide souverainement des formes et des couleurs qui illumineront son mois d’avril.
Si vous êtes tenté par un massif d’inspiration impressionniste, voici celui qui se déploie devant la maison de Claude Monet. Il se compose de grosses tulipes dans les tons roses aux pieds desquelles s’étend un tapis de myosotis.
Quand on détaille les coloris des tulipes, on remarque qu’ils sont très variés. ils vont de l’abricot au violet, en passant par toute une gamme de roses.
Une fois les fleurs plantées en masse, ces différences de tons se fondent les unes dans les autres. Le visiteur verra un massif de tulipes roses.

Les couleurs d’octobre

Giverny, octobre Voici l’aspect du clos normand de Claude Monet en ce moment. Cette photo a été prise dimanche dernier vers 9h30, alors que la brume cédait doucement la place au ciel bleu. Ce sont des ambiances merveilleuses, typiques de l’arrière-saison dans le val de Seine.
Si vous venez dans les prochains jours, vous verrez de magnifiques dahlias, des cosmos, des asters, des roses, des tournesols, des sauges, des zinnias, des bégonias, des pétunias, des géraniums, des capucines, des asclepias, des daturas, des rudbeckias, des coreopsis, des ricins, des amarantes, des cufeas, des impatiences… pour citer les fleurs les plus marquantes. Toutes se déclinent en d’innombrables variétés, aux formes et aux coloris extraordinaires. C’est une fête pour les yeux.
L’automne est très beau à Giverny, à la fois éclatant et doux. Aujourd’hui les lumières sur le bassin étaient incroyables. Les feuillages se parent de jaune, l’étang frissonne sous la brise, les derniers nénuphars boutonnent en rose le reflet du ciel. Avec les quelques visiteurs qui se trouvaient là, nous avions une impression de privilège. On ne pouvait pas se lasser de regarder ce tableau mouvant.
Vous hésitez encore ? Si vous aimez la générosité, la profusion, la magnificence, l’excès, et la mélancolie tendre de l’automne, venez vite ! Vous aurez tout cela, l’émotion sera là. Mais n’attendez pas, octobre amorce le déclin des fleurs.
Si vous préférez les couleurs tendres, l’aspect net, neuf, bien rangé, patientez plutôt jusqu’au printemps.

Fin d’été

Giverny, fin d'étéFin d’été à Giverny. C’est « un univers vivement coloré, mais sans profondeur, sans perspective, où l’air est raréfié (à peine une allée, un bout de ciel entr’aperçu) : la profusion, l’extraordinaire fourmillement floral (…) a comme mangé et bu tout l’espace. »
Ces lignes sont extraites d’une passionnante étude de Christian Limousin intitulée « Monet au jardin des supplices », dans laquelle l’auteur étudie les connexions entre le jardin de Giverny et le livre d’Octave Mirbeau « Le jardin des supplices ». Qui a inspiré l’autre, et comment les deux amis se sont-ils influencés réciproquement ? On ne saurait en décider, mais les correspondances sont troublantes.
Tranchant avec la vision habituelle d’un jardin édenique, petit coin de paradis sur terre, Mirbeau voit tout autre chose dans le jardin de Giverny. C’est « une métaphore » de l’oeuvre de Monet, et il faut, selon l’auteur, « aller au-delà de l’aspect lumineux et séduisant du premier abord pour accéder au fond de sauvagerie qui en constitue le coeur noir.« 
Métaphore de l’oeuvre, et projection de la personnalité de Monet. Une visiteuse me faisait judicieusement remarquer le contraste entre les allées droites et l’aspect « rebelle » des massifs, qu’elle comparaît aux contradictions entre le conformisme bourgeois de Monet et sa liberté artistique. Dans le jardin de fin d’été on peut voir tout le bouillonnement d’une nature et d’un caractère pleins de vigueur, d’ardeur créatrice, difficilement endigués par des cheminements aux tracés rectilignes de plus en plus envahis par la végétation.
Dans toute cette fougue, on pourrait déceler quelque chose qui se rapproche de la violence. Le promeneur est submergé par la vitalité des plantes qui l’environnent de toute part, dressant leurs fières corolles géantes loin au-dessus de sa tête, formant des murs denses, impénétrables, qui le cloisonnent et l’emprisonnent.
Emportée par cet élan végétal impressionnant, j’ai été bien surprise d’entendre une autre personne me confier qu’elle avait trouvé le jardin « fatigué ». Elle aurait aimé le voir au printemps. Les couleurs lui paraissaient ternes.
Ternes ! Tous ces dahlias sanglants, ces soleils lumineux, ces sauges au bleu intense ! J’étais fascinée d’entendre exprimé ce ressenti à des années lumière du mien. Quelle pouvait bien être la cause de ce jugement si déprimé ?
Sans chercher à en percer le mystère, je garde de cette critique étonnante la petite fenêtre qu’elle ouvre sur la diversité de la nature humaine.
On ne ressent pas tous la même chose. Mais je vais continuer à être subjective, et m’extasier tout haut devant les personnes que je guide. Tant pis pour les ronchons.

Roses blanches

Rosier blanc devant la maison de Claude MonetAoût voit remonter les rosiers de Giverny.
La floraison estivale est moins spectaculaire que celle de juin, mais bien présente tout de même.
La petite roseraie derrière les tilleuls a retrouvé sa raison d’être, avec ses buissons parfumés qui attendent les visiteurs les plus curieux.
Au-dessus de la grande allée, le beau rosier grimpant abricot a déjà semé une nouvelle fois ses pétales au pied des ifs.
Devant la maison, les rosiers blancs rayonnent. L’association de leurs fleurs immaculées avec le vert des feuillages et des boiseries est si fraîche, si éclatante, qu’elle donne envie de planter des roses blanches dans son jardin, en oubliant définitivement la larmoyante chanson de Berthe Sylva qui leur colle aux pétales.

Cher lecteur, ces textes et ces photos ne sont pas libres de droits.
Merci de respecter mon travail en ne les copiant pas sans mon accord.
Ariane.

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