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Les géantes jaunes
Loin au-dessus des yeux des visiteurs de Giverny, les géantes jaunes se hissent sur la pointe des pieds.
Monet aimait la façon dont ces fleurs se marient avec le bleu du ciel, la théâtralité avec laquelle elles dominent les petits humains.
C’est la saison où les hélianthes et les tournesols se prennent pour des soleils en miniature.
Arrivés tout en haut de leurs tiges, ils ont la tête dans les nuages.
Qu’un peu de brise les anime, et voilà qu’une chorégraphie ondulante se joue dans les altitudes.
L’azur sert de toile de fond à leurs têtes couronnées.
Le Rond des Dames
Dans les jardins de Monet à Giverny, de jolis bancs sont disposés en cercle dans un coin du clos normand. Ils ont été dessinés par Monet, paraît-il, c’est une excuse suffisante pour vouloir les tester et s’asseoir un moment.
L’endroit porte le nom de Rond des Dames. Alice Monet et ses quatre filles venaient y tirer l’aiguille à l’ombre, les après-midi d’été.
Les jeunes filles de bonne famille se devaient d’exceller aux travaux de crochet, de tapisserie ou de broderie, signe qu’elles étaient des maîtresses de maison accomplies.
L’arbre qui ombrage le rond des dames est un paulownia, un bel arbre d’ornement qui ouvre en ce moment ses grappes mauves dressées à la verticale. Les feuilles viendront plus tard, puis les graines dans de grosses capsules assez décoratives.
J’ai longtemps crû que ce gros arbre avait été planté par Monet, jusqu’au jour où je suis tombée sur une photo couleur qui le présentait à la restauration des jardins, gros comme un balai. Conclusion, il pousse vite ! Il offre une belle ombre aux bancs en forme de banane à la ligne intemporelle, d’où l’on peut savourer la vue sur la mer de fleurs, lire, ou, pourquoi pas, faire avancer son ouvrage.
Souvenir de jardin
C’est la pleine floraison des roses à Giverny. Devant la maison de Monet, le massif de rosiers tiges et de pelargoniums est au mieux de sa beauté.
L’espace qui s’étend devant la demeure a conservé quelque chose des parterres à la française qui s’y trouvaient avant l’arrivée de Monet.
C’est une zone plus formelle que le reste du jardin, avec des plates-bandes composées de fleurs d’une seule variété et d’une seule couleur, contrastant avec la profusion qui règne ailleurs. Au printemps, ce sont des tulipes roses surgissant de myosotis bleus. En été, des étendues de géraniums roses ou rouges.
J’ai déjà parlé de ce massif de géraniums et de rosiers devant lequel Monet aimait se faire prendre en photo.
Ce parterre semble d’un autre style, d’une autre patte que la sienne, et pour cause : le peintre a reproduit un souvenir de jardin. Le massif est une copie de celui de son enfance dans le jardin de sa tante Lecadre près du Havre.
Alors qu’il était âgé d’une vingtaine d’années, Monet a peint à plusieurs reprises le jardin de Sainte-Adresse. Quand on regarde bien le fond de ce tableau on reconnaît le massif qui a servi de modèle pour celui de Giverny.
Ainsi se balance l’espace devant la maison : devant l’aile droite, sous les fenêtres de la chambre du peintre, le parterre qui lui évoque son enfance. Au bout de l’aile gauche, côté cuisine et chambre des filles d’Alice, l’enclos aux dindons chargé de souvenirs pour Alice.
Tulipes et myosotis
Un somptueux parterre de tulipes roses et de myosotis bleu ciel est en pleine floraison devant la maison de Monet à Giverny.
Cet effet spectaculaire est à la portée des jardiniers débutants : les myosotis tout comme les tulipes mettent beaucoup de bonne volonté à fleurir. La seule difficulté est d’arriver à ce que les deux floraisons se produisent en même temps. A moins d’une grande habitude, c’est une question de chance, un petit coup de poker au moment où l’on achète les bulbes à l’automne.
Le mousseux du myosotis s’associe bien avec les tiges nettes des tulipes. Il couvre le sol, si bien qu’il n’est pas nécessaire de planter les bulbes de tulipes très serrés. On plante d’abord les pieds de myosotis, puis on intercale les tulipes deci-delà.
Le myosotis existe aussi en blanc et en rose. Cela permet d’imaginer des variations avec d’autres teintes de tulipes ou des narcisses.
Le myosotis – ne m’oubliez pas en langage de fleurs – a la rage de se ressemer tout seul. Si vous l’accueillez une fois dans votre jardin, il se rappellera à votre bon souvenir l’année d’après, quand il repointera son nez un peu plus loin, inventant des scènes pleines de douceur auxquelles on n’aurait pas pensé.
Pommier du Japon
Autrefois, à l’arrivée de Monet à Giverny, le jardin de sa maison était un verger. Monet n’a pas tardé à faire arracher les arbres fruitiers pour les remplacer par des pommiers et des cerisiers du Japon moins communs et plus japonisants.
Au printemps, leur floraison évoque cette lointaine vocation de verger qu’avait le jardin avant qu’il ne devienne jardin de peintre, quand il n’était encore que le jardin d’un cultivateur aisé du village, monsieur Singeot.
En cette fin du 19ème siècle, à la campagne, chaque petit bout de terrain devait produire. Un jardin d’agrément, un parc fleuri, étaient des luxes de bourgeois et de riches bien loin des préoccupations paysannes.
Les premiers peintres américains qui sont venus travailler à Giverny donnent une idée de ces jardins potagers pleins de citrouilles, de ces vergers de pommiers, de cerisiers et de pruniers. Ils peignent une sorte de témoignage sur le monde rural qui n’est pas du tout le propos de Monet.
Harmonie de couleurs
De loin, on ne voit que du jaune. De près, en regardant en détail, on s’aperçoit que cette plate-bande des jardins de Monet à Giverny mêle des fleurs très variées : rudbéckia, oeillet d’Inde, souci…
Monet concevait son jardin avec des yeux de peintre : de la couleur avant toute chose. Le même esprit règne aujourd’hui dans ce lieu de mémoire qu’est la Fondation Claude Monet. Les plates-bandes les plus frappantes sont conçues en un ou plusieurs tons voisins de jaune, de rose, de blanc…
Tout l’art consiste à harmoniser les couleurs sur le papier, quand le massif n’est encore qu’un projet, à bien calculer les périodes de floraison, les hauteurs des unes et des autres… Un travail d’artiste qui mérite qu’on s’y attarde en visitant les jardins de Monet.
Clos normand
Le jardin fleuri qui s’étend devant la maison de Claude Monet à Giverny s’appelle le clos normand. Ce nom désigne généralement un verger de pommiers entouré de murs. C’était l’apparence d’origine de cette partie du jardin, avant que Monet n’y plante une profusion de fleurs.
Les habitants de ce petit coin de France ont l’habitude de s’entourer de murs de pierres assez hauts pour faire obstacle aux regards. Ici, on aime le « bien chez soi ». Ce n’est pas le goût du secret, mais une façon de se ménager un espace de liberté.
Alice et Claude, à la situation longtemps ambigu (si si ! c’est comme je vous le dis ! Ils ne sont pas mariés ! Elle a quitté son mari pour se mettre en ménage avec un artiste ! Et avec six enfants, vous vous rendez compte ? ) ont certainement apprécié de pouvoir s’isoler des curieux. Plus tard, quand de très nombreux artistes américains se sont installés à Giverny, Monet a préservé ses séances de travail des fâcheux en fermant sa porte.
Mais son clos fleuri est resté visible depuis la route et la voie de chemin de fer. Les contemporains décrivent le ballet des voitures ralentissant devant cette vision d’Eden. Cela n’a pas beaucoup changé aujourd’hui, les touristes tentent toujours d’apercevoir le jardin par un trou de la clôture.
Dans la rue Claude Monet, tout près de la Fondation, une maison porte encore son ancienne plaque émaillée. Ses propriétaires du début du siècle ont baptisé leur villa des champs « le clos normand », dans un curieux mélange de terminologie rurale et de mode bourgeoise, celle de donner un nom à son lieu de villégiature.
Les clématites
Des murs de fleurs légères, roses ou blanches : à Giverny, la floraison des clématites prend des allures spectaculaires.
Cette plante ligneuse ne demande qu’un support pour s’enrouler et grimper à plusieurs mètres. Monet en a joué en faisant construire à l’est de l’allée centrale des structures métalliques de grande taille qui servent de tuteurs aux clématites.
Ces barres métalliques ont beau être peintes en vert, elles restent raides et ont un côté artificiel qui n’est plus du tout dans le goût d’aujourd’hui. Il faut croire que cela ne gênait pas Monet de hérisser son jardin de cornières de métal.
Claude Monet avait un faible pour les clématites. En 1887, les clématites blanches lui servent de modèle pour deux tableaux où les fleurs sont réparties sur la toile à la manière d’Hokusai.
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