C’est comme au théâtre : on ne voit que le devant de la scène. Le nénuphar cache toute une vie en coulisse, le cordon ombilical qui le relie au fond de l’étang, qui lui permet de se nourrir de vase. Par courtoisie, il dissimule ces contingences matérielles, il feint le pur esprit. Cette plante aquatique aime se prélasser dans le bleu du ciel.
Le nénuphar observe le monde depuis la surface des choses. A peine émerge-t-il de l’eau qu’il a l’air de poser, étonné de se voir si beau en ce miroir. Il est une nature morte à lui tout seul.
Et comme dans les natures mortes des peintres flamands, il y a la mouche. Elle est posée sur la corolle parfaite. C’est le péché originel. La pureté n’est pas de ce monde.
Et il y a les vers. Ils creusent leurs sillons dans l’épaisseur de la feuille. La mort nous guette, rappellent-ils, hâtons-nous pendant que nous sommes vivants.
Se hâter, mais de quoi ? C’est à vous de savoir ce qui vous paraît important. Le transi de Gisors est assorti de ce commentaire :
Fay maintenant ce que tu vouldras
Avoir fait quant tu te mourras
Bonjour. Quelle magnifique note (et comme j’aurais aimé l’écrire !!!). Le sens de la vie, immense question et redoutable réponse.
Merci olaf. Je me demandais si je n’étais pas trop grave ces derniers temps…
Certes, mais la gravité vous va bien. Très amicalement.