J’aime bien me promener dans le jardin de Monet après la pluie. Sous la pluie, même, si elle est douce et tiède comme ces derniers jours. Sinon, dès qu’elle s’arrête.
Les dernières gouttes font des ronds dans l’eau, ou glissent encore le long des feuilles et des branches, finissant de laver les végétaux tout luisants de propreté. L’air sent le frais. Les oiseaux se remettent à chanter.
Dans cette lumière douce d’après la pluie, quand les nuages se font moins épais, les couleurs brillent. Un rayon perce. Il fait plus doux soudain.
Après être resté fermé tout l’après-midi dans la fraîcheur de l’averse, le nymphéa hésite. Est-il raisonnable de se déployer maintenant, si près de l’heure du coucher ? Pour lui c’était un dimanche de paresse, toute une journée sans faire l’effort de s’habiller. Tant qu’à faire, autant rester en pyjama : des nuages ont déjà ravalé le soleil.
Ce mouvement lent des plantes me fascine. Une amie qui vit dans le désert m’a envoyé il y a quelques jours des images animées de la floraison des cactus, en accéléré. C’est une vraie danse que nous ne savons voir, car nous ne percevons que des images arrêtées de la transformation des plantes.
Je les regarde le long des allées, toutes ces fleurs de l’été, ces dahlias, ces rudbeckias dans leur époustouflante variété. De l’un à l’autre, selon leur degré d’épanouissement, on devine le mouvement en train de se faire. Tel pétale incurvé va s’ouvrir, à en juger par la fleur d’à côté, telle corolle dressée comme les mains au-dessus de la tête finira en jupon autour du coeur.
Et puis, il y a toutes ces dissemblances, comme autant de cadeaux. Regarde-nous ! disent les fleurs. Elles font les belles, après la pluie, elles se redressent pour être admirées. Regarde-nous !
J’obéis. Je les admire, je les compare. Tiens ! Celle-ci a un coeur marron. Celle-là est très double, quelle pile de pétales ! Et cette autre, toute simple et légère… Elles font les coquettes dans leurs robes qui tournoient.
Il n’y a plus de visiteurs dans le jardin mouillé. Les corolles des derniers parapluies ont disparu. Dans le calme revenu, la présence des végétaux se fait à nouveau perceptible, et elle me tourne un peu la tête.
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