Après avoir offert de très jolies fleurs blanches au printemps, la viorne obier (viburnum opulus) nous régale en ce moment de ses ravissantes grappes de baies rouges. Le régal est surtout pour les yeux, parce qu’il semble que ses fruits réputés toxiques sont âpres et n’ont rien d’exquis.
Il existe plusieurs sortes de viorne obier, la plus courante étant la « boule de neige », un nom qui évoque instantanément l’aspect printanier de l’arbuste, couvert de boules de fleurs blanches (viburnum opulus roseum). Une autre variété, et je crois que c’est celle que j’ai photographiée à Giverny, a des grappes de fleurs plus plates, qui évoquent certains hydrangéas (viburnum opulus compactum).
Je ne voudrais pas vous lasser avec trop de botanique. Ce n’est qu’un fil qu’on tire, et qui ramène toujours à l’humain. Sur la page encyclopédique de la viorne obier, on apprend que
L’obier joue un grand rôle dans la tradition slave. Son nom russe, калина (kalina) est, sous sa forme hypocoristique, à l’origine de la célèbre chanson Kalinka (littéralement « petite baie d’obier »).
Un clic plus loin, vous saurez que l’adjectif hypocoristique s’emploie pour un mot transformé avec une intention tendre, affectueuse, tel que chienchien ou fifille, ou encore quantité de surnoms.
Le surnom hypocoristique a fait fureur au début du 20e siècle. Proust en a parsemé sa Recherche, et la famille Monet n’a pas fait exception. Dans « Le jardin de Monet« , best-seller pour enfants qui met en scène la petite Pomme (Linnéa), l’auteur révèle que Blanche Hoschedé Monet était appelée Lan-Lan par les petits. Lan-Lan ! L’ange bleu, voilà qui a quand même une autre allure !
De la botanique à la linguistique, cela donne un beau billet de saison, Ariane.