Est-il possible de distinguer un chameau d’un dromadaire sans compter leurs bosses ? J’avoue que je n’en ai aucune idée, mais on peut imaginer que ce n’est pas l’artiste qui a nommé son portrait de bête Tête de camélidé, car Vernet devait bien savoir ce qu’il avait sous les yeux. L’animal adopté depuis 1986 par le musée de Vernon vient d’avoir la chance de visiter le château de Versailles, qui organisait cet hiver une exposition dédiée à Horace Vernet. Elle se terminait le 17 mars dernier, mais on peut s’en faire une bonne idée grâce à cette vidéo. On aperçoit la toile animalière vers la 20e minute. La Tête de camélidé date sans doute de l’un des séjours de Vernet en Algérie, à partir de 1833.
Petit-fils de Joseph Vernet, peintre passé à la postérité pour ses vues des ports de France, Horace Vernet est né dans une famille d’artistes et il possèdait un talent inné. J’ai été impressionnée par la grande toile laissée inachevée, dont les parties terminées sont tout à fait parfaites. Horace semble avoir son tableau fini dans la tête, jusque dans les moindres détails, comme s’il n’avait plus qu’à recopier ce qu’il voit en lui avec tant de netteté. Quelle facilité ! Comme façon de procéder, il n’est guère académique et il est à l’opposé de la méthode de Monet, qui couvre la toile entière de traits grossiers puis ne cesse d’affiner la touche, et ne se fie qu’à ce que ses yeux perçoivent.
Une autre oeuvre de Vernet est visible à Vernon. Elle se trouve au château de Bizy et représente le maréchal Suchet, anobli par Napoléon, qui lui a conféré le titre de duc d’Albufera. Suchet est l’aïeul des propriétaires actuels du château. Horace Vernet, né en 1789, s’était fait une spécialité des sujets napoléoniens, avant de devenir peintre officiel de Louis-Philippe, à qui le château de Bizy a appartenu.
Les deux toiles n’ont bien entendu pas grand chose en commun, mais on y remarque le sens du dessin de l’artiste, qui le faisait apprécier de ses commanditaires.
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