J’ai été surprise de lire le prix auquel Monet a acheté sa maison de Giverny, le 17 novembre 1890. L’acte de vente porte sur 22 000 francs, payables en quatre ans.
Non pas que cela me dise grand chose, 22 000 francs de 1890, mais cette année-là, cela correspond environ au prix de vente de trois de ses tableaux. C’est Heide Michels, dans La maison de Monet, qui compare. L’année précédente, la Seine à Vétheuil s’est vendue 7 900 francs, et les Dindons, une oeuvre de grande taille il est vrai, a atteint la coquette somme de 12 000 francs. Les années de vaches maigres sont finies.
Alors pourquoi, sur le coup de la cinquantaine, Monet a-t-il acheté cette maison rurale, simple, et pas si grande pour une famille de dix personnes comme la sienne ? Il avait les moyens de s’offrir un château, ou de faire construire. Il n’a pas peur de bâtir, les nombreux agrandissements et aménagements qu’il fait faire à sa demeure le prouvent.
Tout simplement, il se plait dans cette maison. En 1890, quand le propriétaire la met en vente, les Monet-Hoschedé louent la maison de Giverny depuis sept ans. Il faut acheter ou partir.
Monet écrit à son marchand Durand-Ruel :
« Je serai obligé de vous demander pas mal d’argent, étant à la veille d’acheter la maison que j’habite ou de quitter Giverny, ce qui m’ennuierait beaucoup, certain de ne jamais retrouver une pareille installation ni un si beau pays. »
C’est une maison à la campagne où il mène une vie bourgeoise, mais sans pose. La maison offre à Monet la fonctionnalité qu’il en attend, il se fiche du reste. Monet est un homme de plein air. Ce qui compte, c’est son jardin, et les motifs de la campagne alentour. « Giverny est un pays splendide pour moi », dit-il.
Savez vous quel est le notaire qui a procédé à la vente de la maison de Giverny?
La vente a eu lieu le 17 novembre 1890 en l’étude de maître Grimpard, notaire à Vernon.