Pourquoi tel sujet plutôt que tel autre ? Ici plutôt d’ailleurs ? Qu’a de si extraordinaire ce point de vue, ce rocher ? Quand on regarde certains tableaux de Monet, les motivations du choix paraissent parfois obscures. Un de ses beaux-fils, Jean-Pierre Hoschedé, se souvient de la façon dont Monet sélectionnait ses motifs :
« Si au cours d’une promenade dans la campagne ou ses jardins, Monet s’arrêtait, allumait une cigarette très vite renouvelée, clignait des yeux, faisant une visière de sa main droite pour augmenter sa vision, reculait, avançait, allait un peu plus à droite, un peu plus à gauche et puis continuait sa promenade, c’était qu’alors bien souvent il venait de choisir un motif. »
Et c’était une responsabilité que de ne pas se tromper sur l’emplacement et le sujet, avant d’investir du temps, des efforts et du matériel à peindre ce motif. De la qualité de la production dépendrait la vente, et la subsistance de la famille.
Pourtant, malgré l’importance de bien vendre, alors qu’il était le chef d’une famille de dix personnes, Monet n’a jamais obéi à des sollicitations commerciales. Sa peinture ne cherche pas à plaire. On dirait plutôt qu’elle répond à une voix profonde qui le guide à travers le paysage vers des sujets pas toujours « pittoresques » et souvent bigrement difficiles à rendre, même pour un maître comme Monet. Il relève les défis, sans plus se préoccuper du joli que la Nature elle-même ne s’en soucie.
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