Saviez-vous que la région de Giverny possède un remarquable mégalithe, une allée couverte, à Dampmesnil ?
La balade démarre par une grimpette de cinq minutes en sous-bois. Les hommes de la préhistoire sont allés construire leur sépulture au sommet d’une colline qui surplombe la vallée de l’Epte. Quand vous commencez à être essoufflé, ouf, le chemin oblique à gauche et devient plat. Encore quelques pas et vous y êtes.
C’est à peine une clairière. Des blocs de rochers sont alignés en deux rangées parallèles, à moitié enterrés, sur six mètres de long. Une énorme dalle forme un toit. L’ensemble rappelle les dolmens. On voit encore la base de la pierre qui fermait la chambre funéraire, percée d’un trou rond pour le passage d’un homme. Juste à côté de l’entrée, insolite, un visage est gravé dans la pierre.
Cette allée couverte est là depuis 4000 ans. Au néolithique final, des agriculteurs ont vécu dans les environs. Il ne reste plus rien d’eux, de leurs huttes, sauf ce mausolée qu’ils ont bâti pour ensevelir dignement leurs morts. Vous essayez de les imaginer ici-même, tous les hommes du clan en train d’unir leurs forces pour déplacer ces blocs de calcaire de plusieurs tonnes. Vous vous sentez plein d’admiration, quand vous réalisez qu’à la même époque, les pharaons se faisaient bâtir des pyramides. A côté, nos ancêtres étaient des rustauds.
S’il fait beau comme aujourd’hui, ne manquez pas de faire cette promenade autour du 22 décembre. En vous plaçant à l’arrière du mégalithe, votre regard suit la même direction que celui des hommes préhistoriques : ils ont soigneusement orienté l’allée couverte face au coucher du soleil au solstice d’hiver. Enfin, presque. Depuis, l’axe de rotation de la terre s’est incliné d’un chouïa, le soleil se couche un peu plus à l’ouest. Ca donne un peu le vertige, de pouvoir visualiser quatre millénaires.
Si j’ai un conseil à vous donner, ce serait de ne pas oublier que vous vous trouvez dans un sanctuaire, et de vous montrer respectueux de ce monument qui nous arrive tout droit de nos ancêtres des âges farouches.
Il y a quatre ans, j’ai eu la chance d’être en contact via internet avec un chercheur écossais qui travaille sur l’orientation des cairns. Ayant vu la page consacrée à l’allée couverte de Dampsmesnil, il voulait savoir si son orientation était la même que ses homologues écossaises.
J’ai profité d’une éclaircie fin décembre pour foncer sur place, me ruer en haut de la colline et surgir derrière le monument mégalithique deux minutes avant le coucher du soleil. Là, j’ai constaté avec une émotion certaine que le soleil éclairait le fond de l’allée, comme en Ecosse, incroyable !
Les mânes des anciens ont-elles ressenti une profanation ? Toujours est-il que lorsque j’ai voulu reprendre ma voiture, elle était embourbée… Et j’ai eu tout le temps de revenir à plus de recueillement, sur fond sonore de cris de chouettes, en attendant que la dépanneuse arrive à la nuit noire !
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