C’est le monument le plus étonnant de Louviers : le couvent des Pénitents présente un étrange cloître bâti sur l’eau.
D’habitude, les cloîtres sont des endroits fermés, au calme propice à la méditation. Ils entourent un petit jardin qui offre une image terrestre du paradis.
Celui-ci rompt avec cette tradition. Deux de ses côtés étaient des ponts, et les religieux avaient le spectacle de l’eau courante de la rivière sous les yeux, plutôt que de paisibles parterres de buis taillés.
Qu’est-ce qui a bien pu pousser les Franciscains à cette solution architecturale originale, et qui sait, unique ? L’étroitesse de leur terrain rue de l’Isle ?
C’est en 1646 qu’ils commencent la construction de leur couvent de Louviers. Les bâtiments frappent par leurs dimensions considérables. Pourtant, les religieux n’y seront jamais plus de douze, ils n’en ont pas le droit. Ils se consacrent à l’enseignement et au soin des malades.
A la Révolution, l’Etat leur confisque le couvent, qui revient à la Ville. Que va-t-on en faire ? La chapelle sert d’abord de salle de réunion politique, puis de grange, avant de s’écrouler. Le bâtiment principal, quant à lui, est transformé en prison dès 1793.
Les détenus à la maison d’arrêt et de correction de Louviers étaient condamnés à des peines de moins d’un an. Mais ils ont été nombreux à souffrir de maladies dans cette geôle, et à y mourir. L’humidité due à la rivière d’Eure aggravait l’insalubrité.
La prison a fonctionné jusqu’en 1928. Aujourd’hui, ce passé douloureux est presque effacé des mémoires. Le couvent des Pénitents a trouvé une nouvelle vocation qui lui sied mieux : il sert d’école de musique.
Bien dommage par ailleur que le reste de l’edifice soit la proie du vandalisme … et du temps qui passe !