Poussés par la brise, des volutes invisibles vous enveloppent tout-à-coup. Le nez frémit, les poumons aspirent à grandes lampées des effluves suaves, épicés. La question se fait pressante, il faut y répondre toutes affaires cessantes : mais qu’est-ce qui sent si bon ?
C’est drôle comme l’expérience d’une odeur délicieuse et nouvelle n’est pas si fréquente. Et comme l’enquête à laquelle nous nous livrons immédiatement est impérieuse.
Je vais vous le dire, ce qui sent si bon, c’est la glycine au-dessus du pont japonais. Elle est à l’apogée de sa floraison, et ses longues grappes mauves chauffées par les rayons du soleil printanier exhalent une fragrance qui rappelle celle du jasmin. Mmmm ! On ne bougerait plus de là…
Mais la glycine n’est pas la seule à embaumer. Au rayon des parfums, elle a de la concurrence. En ce moment ce sont les azalées qui emplissent l’air de leurs notes fleuries. Pas besoin de se pencher vers les calices pour les sentir, sauf pour vérifier !
Plus discrètes, les roses demandent qu’on se rapproche. Quoi de plus merveilleux que de mettre son nez au coeur d’une fleur ? On devient papillon, abeille… Même Clemenceau le faisait, tout Père la Victoire qu’il était. Les roses, donc, chez Monet, ont ce délicat parfum des roses anciennes, à la fois envoûtant et désuet comme une eau de toilette d’autrefois.
Plus tôt en saison il y a eu les lauriers-tins, les jacinthes, les muguets, les lilas. Viendront cet été, ô merveille, les lavandes, les phlox… Leur parfum flottera dans l’air pour venir surprendre les visiteurs aux yeux gorgés de couleurs. Quand ils entreront sans s’en rendre compte dans l’aire parfumée qui s’étend autour de ces fleurs odorantes, ils marqueront l’arrêt en tournant la tête de tous côtés, à la recherche des responsables. Mmmm ! Mais qu’est-ce qui sent si bon ?
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