Home » Arbustes » T’as d’bons yeux tu sais !

T’as d’bons yeux tu sais !

Fleurs de noisetierIl y a peu de chances de découvrir spontanément cette fleur si personne ne vous l’a montrée : elle est aussi minuscule qu’inattendue. Et bizarre avec ça ! Un pied velu, et des bras rouge vif qui émergent d’un tout petit bourgeon pour s’ouvrir en éventail à la façon d’une anémone de mer.
Si vous agrandissez la photo, vous reconnaîtrez sans doute de quelle plante il s’agit grâce aux chatons voisins, si caractéristiques du noisetier.
Les écureuils font provision de noisettes pour passer l’hiver, c’est bien connu. Mais le noisetier pourrait en remontrer à l’écureuil en matière de prévoyance. Il a toujours plusieurs saisons d’avance, un peu comme ma grand-mère qui préparait ses cadeaux de Noël dès le mois d’août.
Chez le noisetier, il n’est jamais trop tôt pour bien faire. Dès l’automne, la floraison de l’année suivante est en place.
Les fleurs s’ouvrent en janvier-février, alors que tout n’est que frimas aux alentours. Vous iriez déjeuner sur la terrasse, vous ? Et passer la nuit à la belle étoile ? Il faudrait avoir un grain pour cela, mais le noisetier n’est pas fou. Avec son caractère, évidemment il a tout prévu.
La petite fleur rouge n’a que le bout du nez qui dépasse. Le strict minimum. Tout le reste est bien caché sous la doudoune.
Les parties rouges sont des stigmates, c’est-à-dire l’extrémité du pistil. Grâce à eux la fleur femelle va attraper le pollen de noisetier qui passe. D’où il sort, celui-là ? Des grands chatons qui, leur heure venue, s’ouvrent et laissent le vent les secouer comme un chiffon à poussière.
Le noisetier n’est pas avare en pollen, au point d’en jaunir les alentours. Prévoyant comme il est, il ne faudrait pas qu’on en manque. Un peu comme ma grand-mère qui cuisinait toujours pour douze quand on n’était que quatre.
Tout irait donc pour le mieux. Seulement, le noisetier a aussi l’art de se compliquer l’existence. Par exemple, il a horreur des mariages consanguins. Comment faire pour éviter de s’autopolléniser ?
Le noisetier a trouvé la solution. Les fleurs mâles, les chatons, s’épanouissent avant les femelles. Quand les petits boutons rouges s’ouvrent, cela fait longtemps que les chatons se sont secoués et resecoués et qu’ils n’ont plus rien à offrir à personne.
Bigre ! Et comment vont faire les petites fleurs rouges pour réaliser leur voeu le plus cher, se transformer en noisettes ? Là, il faut qu’elles aient un peu de chance, qu’il y ait dans les environs un noisetier en retard et dont les fleurs mâles puissent les féconder.
Même quand on est très prévoyant, il faut quand même laisser un peu de place au hasard.


6 commentaires

  1. Je ne fais pas trop de commentaires mais il est grand temps de vous dire que je viens tous les jours vous visiter et que je ne m’en lasse pas. Bravo pour tous ces articles passionnants !

  2. Oui, c’est pareil ici… à part quelques "oseurs"… Parfois on rencontre quelqu’un à la boulangerie :"bonjour ! j’ai croisé monsieur bidule et madame machin, ils adoooooorent ce que vous faites et sont de fidèles lecteurs, surtout n’arrêtez pas…" Sûr que ce serait un brin gratifiant s’ils manifestaient quoi que ce soit.. Ou des proches muets du commentaire mais qui "râlent" quand ils ne reçoivent pas leur lettre à jour fixe :o)
    Vos écrits, mise en page et illustrations sont toujours élégants et j’apprécie beaucoup l’écrin de tout ce que j’apprends, alors pas de mou dans les articles hein !!!!

  3. Je viens très souvent aussi. [Sur mon blog, c’est calme plat, presque. Je tourne sur moi-même, inlassablement… mais je comprends; je suis un peu space…]

    J’aime votre écriture Ariane. Continuez

Leave a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Cher lecteur, ces textes et ces photos ne sont pas libres de droits.
Merci de respecter mon travail en ne les copiant pas sans mon accord.
Ariane.

Commentaires récents

Catégories