J’ai un peu le cafard ce soir, celui que laisse la fin d’une fête : l’exposition Monet est finie, les tableaux vont quitter Giverny. Chacun rentre chez soi dans son musée ou chez son propriétaire respectif, et cela me fait l’effet d’amis qui s’en vont.
Certains ne partent pas loin, à Vernon, à Dreux, au Havre, à Paris, mais pour d’autres il y a peu de chances de les revoir un jour, la terre est grande et la vie est courte.
Il faut qu’ils partent, bien sûr, pour qu’une nouvelle expo puisse avoir lieu, régénérant l’intérêt, renouvelant l’appétence. Mais il y a dans chaque adieu une angoisse sourde, peut-être la prescience du dernier.
Rien de cela n’était sensible dans les jardins de Monet aujourd’hui, plus beaux que jamais. Par le temps radieux de ce 15 août, c’était une joie de flâner autour du bassin couvert de nénuphars en efflorescence, ou dans les allées diaprées du clos normand.
Mon client de ce matin semblait particulièrement heureux de sa visite. On nageait au milieu de fleurs qui s’étageaient de nos pieds à nos têtes dans un festival de couleurs douces ou vives. « C’est comme à la maison ! » s’est-il écrié pour sa femme, en lui montrant un glaïeul. Puis il s’est tourné vers moi avec un sourire amusé, sûr de son effet : « J’ai grandi dans une entreprise de pompes funèbres, m’a-t-il expliqué. L’odeur des fleurs m’est familière, elle me rappelle les enterrements ! »
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