Cultiver des fleurs indigènes était le cadet des soucis de Claude Monet. A son époque, le tournant du 19e et du 20e siècle, on n’avait pas encore inventé le mot écosystème. L’étude des liens très complexes qui unissent le milieu, les végétaux, les insectes, les batraciens, les oiseaux, les animaux viendrait plus tard. On en était encore à vouloir faire tenir toute la nature dans les muséums. A classer, nomenclaturer, collectionner le vivant, à l’état mort.
Les milieux bourgeois se démarquaient de la paysannerie en disposant d’un jardin d’agrément, dévolu à la promenade et au loisir. L’affirmation de l’appartenance à la classe sociale passait par la culture de plantes qui sortaient de l’ordinaire, délicates à faire pousser, chères à l’achat, à fort impact visuel.
On retrouve ce goût de l’exotisme dans le jardin de Monet, notamment dans ses touches japonisantes.
Mais Monet était surtout un peintre, et ses choix horticoles étaient guidés par son oeil plus que par l’envie de paraître. C’est pourquoi dans son jardin les plantes les plus rares coexistaient avec les plus banales, des sauvageonnes glanées dans la nature que Monet invitait en raison de leur couleur ou de leur forme.
Parmi les plantes indigènes cultivées par le peintre, on trouve la pétasite, la molène, la centaurée, le coquelicot, la marguerite.
Tout cela perdure dans la restitution des jardins de Monet à Giverny. Quelque 4000 espèces de plantes, dont beaucoup d’exotiques, se disputent les deux hectares que couvre le jardin. Ce chois de variétés exotiques est à sa place. Mais pas forcément un exemple à copier.
Il a fallu des décennies avant de commencer à percevoir les risques liés à la perturbation de l’écosystème par l’introduction de plantes exotiques, inadaptées aux insectes pollinisateurs locaux, non soumis au contrôle naturel exercé par l’écosystème. C’est une prise de conscience récente et encore balbutiante qui fait préférer dans les jardins les plantes qui ont toujours été là, les plantes indigènes.
Qu’est-ce que ça veut dire, toujours ? Par convention on considère comme indigènes les plantes attestées avant 1492, l’année de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, le début d’échanges horticoles intenses de part et d’autre de l’Atlantique. C’est une convention qui a tout son sens d’un point de vue américain. En Europe, on aurait pu placer la barre plus tôt, avant les Croisades par exemple. Ou pourquoi pas avant l’invasion de la Gaule par les Romains, la vigne dans leurs bagages. La difficulté est de connaître le parcours d’une plante, surtout si elle n’est pas directement utile à l’homme. Comment remonter la trace d’une mousse, quand on a déjà du mal à suivre celle de l’abricotier ?
Par chance, on dispose maintenant de listes établies par des scientifiques qui recensent les plantes indigènes de façon aussi complètes que possible, avec leur degré de rareté. Pour ceux que le sujet intéresse, voici un catalogue de la flore d’Ile de France, et un inventaire de la flore vasculaire de Haute-Normandie. Vous trouverez probablement la flore de votre région, à privilégier dans les jardins privés.
une autre!!!
Merci ! Des croûtes, comme il y va Monet…
Bonne idée de recenser ces plantes indigènes, je vais me mettre à la recherche de celles qui poussent en région bruxelloise.