"Zaandam est particulièrement remarquable et il y a à peindre pour la vie ; des maisons de toutes les couleurs, des centaines de moulins et de ravissants bateaux."
C'est en ces termes que Claude Monet, tout juste arrivé dans la ville hollandaise de Zaandam, à quelques kilomètres au nord d'Amsterdam, décrit le paysage qui l'enthousiasme à Pissarro. C'est le mois de juin 1871. La France vient de perdre la guerre avec la Prusse. La Commune de Paris vient d'être réprimée dans le sang.
Monet, qui avec sa femme et son fils s'était réfugié en Angleterre tout comme Pissarro, songe à rentrer en France, mais peut-être avec une certaine
hésitation. Le calme, la paix sont-ils vraiment revenus ?
En chemin, pourquoi ne pas s'arrêter en Hollande pour peindre ? Il est probable que son ami Jongkind, peintre néerlandais à qui Monet disait devoir "l'éducation de son oeil", lui a parlé des motifs de son pays. Et puis Monet a certainement vu assez d'oeuvres de grands maîtres hollandais dans les musées de Paris et de Londres pour que sa curiosité soit piquée. Il va séjourner quatre mois à Zaandam et peindre 24 tableaux.
Des centaines de moulins ! Monet n'exagère pas. Zaandam en compte alors 900. Les moulins scient le bois, broient les pigments de peinture, transforment les fèves de cacao en fine poudre. C'est la plus ancienne zone industrielle d'Europe.
Aujourd'hui on en compte moins d'une dizaine, grâce à une association de passionnés qui déplace maisons et moulins typiques pour les réinstaller à Zaanse Schans, dans une sorte d'écomusée entre polder et rivière. Les bateaux-mouches ont remplacé les voiliers d'autrefois.
Sur la rive opposée, les maisons alignent des façades pittoresques qui se reflètent dans la Zaan. Le vert est de rigueur. On comprend que Monet ait eu envie de sortir ses pinceaux.
Certaines des demeures représentées par Monet existent toujours à Zaandam même. Un petit livre, 'Monet Zaandam' permet de les retrouver. Voici deux maisons qui ont survécu, tandis que l'environnement est moins riant qu'alors :
La maison bleue ci-dessous avait séduit Monet par sa couleur inhabituelle.
Elle a été flanquée de voisines et a perdu son jardin. Seul le côté est bleu. De face, elle est en briques.
Monet avait aussi été séduit par une belle demeure de l'autre côté de la Zaan.
La voyez-vous ? Elle est maintenant presque noyée au milieu des usines de chocolat. Le mélange de jolies petites maisons anciennes et de complexes industriels est typique de Zaandam.
Qu'importe ! Cela ne décourage pas les Hollandais de s'y installer. Dans une dent creuse de la rue, un projet immobilier fait sa publicité sur une palissade toute dédiée à Claude Monet : "Faites bâtir ici votre maison de rêves !"
Des toiles que l'on voit peut-être un peu moins souvent…mais non moins belles!!!!
J'ai beaucoup aimé ces "avant-après",encore un joli billet intéressant Ariane.
J'ai relevé ton expression de "dent creuse",malheureusement les requins de l'immobilier s'immiscent partout!!
Belle journée à toi
Tres belle couleur de Reve en cent latmosfer pesible bravo les peintre de lepoque