Mettre en valeur les femmes artistes, c’est la mission que s’est donné, avec succès, le musée de Vernon. Cet été c’est une peintre injustement tombée dans l’oubli qui est à l’honneur : Lucie Cousturier.
Quelques grands musées ont prêté des toiles : Orsay, l’Annonciade à Saint-Tropez, le musée de Grenoble. Lucie Cousturier est même présente aux Etats-Unis au musée d’Indianapolis, mais la plupart de ses oeuvres sont en collections privées. Autant dire que c’est un jeu de piste de les localiser.
Etre caché des yeux du public, cela n’aide pas à la célébrité.
Pour être apprécié il faut être vu. De son vivant Lucie Cousturier expose auprès des plus grands à Paris, Bruxelles, Berlin. Mais après son décès en 1925, celui de son mari puis de son fils, elle disparaît assez vite des cimaises, peut-être par manque de postérité pour susciter des expositions.
Lucie Cousturier, née en 1876, est une artiste néo-impressionniste. Amie de Signac, elle adopte un divisionnisme « libre » pour certaines oeuvres aux tons subtils, comme celle de l’affiche. D’autres, aux couleurs vibrantes parfois crues, font penser au fauvisme. Ses contemporains ne tarissent pas d’éloges, que ce soit dans la presse ou dans les correspondances. Ils soulignent qu’elle peint vrai. Signac la juge merveilleusement douée.
Lucie Cousturier et son mari Edmond sont de grands collectionneurs, les premiers propriétaires du chef-d’oeuvre de Seurat « Un dimanche à la Grande Jatte ». Seurat, disparu à 32 ans, est bien l’exemple qu’on peut marquer durablement les esprits même avec peu de tableaux. Mais son Dimanche couvre le mur : deux mètres sur trois. Lucie Cousturier a peint environ 150 huiles, de dimensions modestes, entre 1900 et la Première Guerre mondiale, période pendant laquelle elle se consacre à la peinture. Puis elle se tourne plutôt vers l’écriture et l’aquarelle, qui lui sert à noter ses sensations.
Et c’est là que son destin sort de l’ordinaire. En 1916, à Fréjus, elle habite près du campement de tirailleurs sénégalais en attente d’être envoyés au front. Ils deviennent ses amis et ses élèves : elle leur apprend à lire et à écrire. Elle s’émerveille de l’intelligence de certains. Après la guerre, Lucie Cousturier part en mission en Afrique pour le compte du gouvernement français, étudier l’influence des mères sur l’éducation des enfants. Elle vit avec les indigènes, elle dénonce les dérives du colonialisme. Son rapport ne plaira pas, bien entendu.
Lucie Cousturier écrit avec finesse et humanité. Elle publie plusieurs livres sur son expérience de Fréjus puis de l’Afrique. Elle est aussi une critique d’art très avisée, ainsi qu’une interlocutrice de grande valeur pour les peintres de l’époque, Signac, Cross, Luce, Roussel.
C’est une femme qu’on adorerait avoir connue, intelligente et sensible. Elle devait être lumineuse, Lucie, tout comme sa palette.
Bonjour,
Dans votre note vous indiquez que Lucie C. est nee en 1876, Wikipedia indique 1878, Roger LIttle indique le 19 decembre, 1870. J’ecris un article sur les aspects de sa vie relatives aux Tirailleurs et souhaiterais m’assurer de sa date de naissance. Quel est votre source pour sa date de naissance? Je compte par ailleurs me rendre au musee de Vernon lorsque je serai en France, fin Septembre, debut Octobre.
Merci de me repondre!
Eloise Briere ( Professeure Emerite d’universite)
Eloïse, merci pour votre message. J’ai travaillé à partir du catalogue de l’exposition. Pour plus d’information le mieux est de vous adresser au musée de Vernon, je suis certaine que la conservatrice ou la commissaire seront très heureuses de vous répondre. Bonnes recherches ! Ariane
Jeanne Lucie Bru épouse Cousturier est née le 19/18/1873 Paris 2ème (errata!), l’acte est en ligne (archives Paris)
Bonjour, Jeanne Lucie Bru est née le 19/12/1873 Paris 20ème, acte en ligne.
Evelyne, merci pour cette piste. Cependant je ne trouve que la naissance d’un Gabriel Bru en 1873 à Paris 02e. Auriez-vous la gentillesse de m’aider à trouver l’acte de Lucie ?
Bonjour,
Lucie Cousturier, née Jeanne Lucie Brû, le 19 décembre 1876 à Paris au domicile de ses parents Léon Casimir Brû et Appoline Comyn, 226 rue Saint Denis, Paris 2e. Elle a été déclarée à l’état civil 2 jours plus tard, le 21 décembre 1876 à la mairie du 2e arrondissement de Paris.
L’acte de naissance porte le numéro 1735, il est consultable sur le site des archives de Paris.
Adèle de Lanfranchi
Madame Lanfranchi, merci pour votre réponse détaillée. J’étais bien sûre que vous aviez la réponse à un point aussi fondamental que celui-ci. J’en profite pour vous dire merci de nous avoir fait connaître la personnalité si attachante de Lucie Cousturier. J’étais dans la salle au moment du vernissage. Nous avons tous été touchés par l’émotion qui se dégageait.
Ariane,
Je vous remercie infiniment pour votre message,
Bien cordialement,
Adèle