Monet possédait une belle collection de tableaux impressionnistes exécutés par ses amis : Morisot, Caillebotte, Pissarro, Renoir figurent en bonne place, mais l’artiste le plus représenté est Paul Cézanne.
Monet admirait tellement Cézanne qu’il achetait ou faisait acheter des oeuvres du maître d’Aix auprès de son marchand Ambroise Vollard ou en vente aux enchères. Il a fini par posséder une quinzaine de toiles.
« Le Nègre Scipion » peint par Cézanne vers 1867 est l’une de ses acquisitions que Monet aimait le plus. Selon Marianne Mathieu et Dominique Lobstein, commissaires de l’exposition « Monet collectionneur » au Musée Marmottan en 2017-18 et auteurs du catalogue, Monet achète la toile à Vollard le 7 décembre 1895 pour 400 francs.
A supposer que rien n’ait changé pendant les quarante ans qui ont suivi le décès de Monet, l’oeuvre était accrochée dans le cabinet de toilette du peintre. C’est en tout cas là que Durand-Ruel l’a vue lors de l’inventaire établi après la mort de Michel Monet en 1966.
Il est vrai que placer une figure d’homme torse nu était approprié dans une pièce où Monet devait se trouver lui aussi plus ou moins dénudé. Pièce intime par excellence, le cabinet de toilette était tout de même montré aux visiteurs qui avaient le privilège de découvrir la collection privée de Monet. C’est ainsi que Clemenceau s’est laissé convaincre par Monet du talent de Cézanne en voyant « le nègre Scipion ».
Ce chef-d’oeuvre fait partie maintenant de la collection du Museu de Arte de Sao Paulo au Brésil. On a pu l’admirer cet été à Paris au musée d’Orsay dans le cadre de l’exposition « le modèle noir de Géricault à Matisse ».
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