A Giverny, le goût du bleu se décline aussi en potées où les jardiniers marient avec finesse les nuances, les formes et les textures.
Gilbert Vahé, dans son livre Le jardin de Monet à Giverny – Histoire d’une renaissance avance une explication au penchant du peintre pour les couleurs azurées. Selon le chef-jardinier historique de Giverny, cet engouement lui serait venu à Bordighera, en Italie, où l’artiste a peint dans les jardins de M. Moreno. Le lieu, célèbre pour sa collection de palmiers, était également planté de citronniers et d’orangers. Monet, qui le décrit pour Alice, note ce détail : « en place de l’herbe, des violettes de Parme ; le sol est absolument bleu ».
Je ne doute pas de son émerveillement devant le fameux jardin Moreno. Mais je pense que cet éblouissement face au sol couvert de fleurs bleues ne faisait qu’éveiller l’écho d’une émotion déjà vécue : celle de la floraison des jacinthes sauvages. Comment Monet, qui écumait la campagne depuis ses plus jeunes années, n’aurait-il pas déjà connu le choc délicieux que donne la vue de ces étendues de fleurs spontanées dans les sous-bois, qui fleurissent comme un tapis bleu aux premiers jours du printemps ?
Certes, il n’en parle nulle part. Mais quand on vit à la campagne, cela va de soi. L’année est rythmée par les rendez-vous de la nature, qu’ils réjouissent l’oeil ou le palais. Autour du Havre, dans les bois de Vétheuil ou la forêt de Saint-Germain-en-Laye, il avait forcément eu déjà cette expérience.
A Giverny, il y a cent-trente et quelques années, je l’imagine gravissant la pente du bois du Gros-Chêne pour aller saluer les belles demoiselles à clochettes. Celles que j’ai prises en photo sont sûrement les descendantes de celles qui formaient des lacs bleutés chaque début avril devant les yeux de Monet.
Superbes ces potées!
Moi aussi j’imagine Monet admirant cette éclosion de bleu.
J’ai regardé le documentaire de France 2 et j’ai passé vraiment un bon moment, grâce à toi, merci.
C’est inspirant pour planter ses propres potées, je trouve.