Voici un aspect du mur qui borde le côté nord du jardin de Monet, le long de la rue principale du village de Giverny. Les jardiniers de la fondation Monet ont décidé que cet hiver, ils vont changer le lattis de bois qui sert de tuteur à des plantes grimpantes : il a clairement fait son temps.
Je le soupçonne de dater de la restauration des jardins, il y a quarante ans, à cause de sa couleur bleu pâle. Avant de tout faire peindre d’un vert vif et franc, le restaurateur de la propriété, Gérald van der Kemp, avait d’abord opté pour cette teinte douce qu’on observe sur les tableaux de Monet, et qui était celle des huisseries de sa maison. Mais van der Kemp voulait restaurer les lieux dans leur état final, le plus abouti, et il s’est rendu compte que Monet avait opté à la fin de sa vie pour un vert plus claquant que ce ton bleuté qui évoque le sulfate de cuivre.
Tout a alors été repeint en vert. Tout ? Non ! Ce treillis de bois a résisté à la déferlante verte, sans doute parce qu’il n’est pas très visible dans son coin. Peu de visiteurs viennent fureter dans « l’allée du patron », comme la nomment toujours les jardiniers, celle qui relie le premier et le deuxième atelier, où van der Kemp s’était installé un appartement.
Le problème, quand on remplace quelque chose, est de garder la ligne, celle du parti pris. Rester fidèle à l’esprit du lieu et à celui de la restauration. Les jardiniers ont voulu d’abord s’assurer de ce que Monet avait à cet endroit. Au départ, rien du tout, un mur lisse et un peu ennuyeux. Et puis sur le tard, les photos anciennes révèlent un magnifique poirier palissé en palmettes, dont les branches forment des V.
Monet s’est fait plaisir, mais l’emplacement n’était pas très bien choisi, trop à l’ombre des tilleuls, et le poirier n’a guère vécu. Rester fidèle au peintre n’oblige tout de même pas à répéter ses erreurs.
Je pense que c’est l’allée tout au bout de la maison. J’aime bien y aller m’y asseoir, justement parce que les visiteurs ne la remarquent pas au premier coup d’oeil et on y est tranquille.
Quel raffinement de chercher la couleur juste des supports dans le jardin du peintre !
Voilà qui me console un peu de ce qui m’importune sous mes fenêtres : une énorme installation métallique de ventilation sur le toit d’un garage en intérieur d’îlot – et la vue des riverains gâchée par tout cet inox.
« L’allée du patron » cette phrase me fait sourire…
Je fais confiance à l’équipe de jardiniers talentueux pour cet endroit,il sera réussi comme le reste du jardin,même si moins visible!