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L’étoile de Digoin

Claude Monet est assis à son bureau du salon-atelier, dans sa maison de Giverny. Devant lui, des photos, des journaux et un vase en verre bleu pâle contenant une fleur unique : un dahlia étoile de Digoin.

C’est Blanche qui prenait le soin de fleurir les soliflores disposés dans l’atelier. L’ami de Monet Marc Elder l’a saisie au vol. En 1924, il publie A Giverny chez Claude Monet, délicieux aperçu de la vie quotidienne du peintre à la fin de sa vie, irremplaçable recueil de souvenirs glanés au fil des visites. Voici ce qu’il note page 36 :

« Et, comme le dernier pavot blanc boutonne à côté, sur la pelouse, madame Monet le coupe et l’emporte à l’atelier. »

Au moment où Elder fait cette remarque, Alice est morte depuis plus de dix ans, la seule madame Monet est Blanche Hoschedé, veuve de Jean Monet.

Ce qui est merveilleux, c’est que quelques pages plus loin, l’auteur semble commenter la photo ci-dessus :

Page 58 : « Le maître demeure pensif, les yeux sur la boule de cristal bleu dans laquelle trempe toujours une fleur : rose, pavot, iris, orchidée… Ce soir c’est un dahlia mauve qui en jaillit, un dahlia souple dont la tige s’affaisse sous le poids des pétales convolutés comme les ailes d’un moulin puéril. Il semble qu’il n’y ait qu’à souffler dessus pour qu’il tourne ! »

Et voici le vase, toujours exposé à Giverny, sur le bureau cylindre du salon-atelier. Il est trop fragile pour contenir une fleur, mais le jardin regorge de dahlias en forme d’étoile. Ce sont aujourd’hui des dahlias Honka, une variété très proche de l’étoile de Digoin, comme celui-ci :

Voilà ce qu’entend Elder par convoluté : roulé sur soi-même. Le Robert, qui range ce mot dans les termes de botanique, donne l’exemple de la feuille convolutée du bananier. Les dahlias étoilés attirent toujours l’oeil des visiteurs par leur forme originale.

Un troisième témoignage atteste de leur présence dans le jardin de Monet : celui de Jean-Pierre Hoschedé. Dans son livre de souvenirs Claude Monet ce mal connu, le beau-fils du peintre se les rappelle :

Parmi les plantes que l’on ne voit guère dans les jardins et que Monet s’était procurées, il me faut citer d’abord une variété de dahlia, l’étoile de Digoin, à grandes fleurs simples à pétales roulés, tuyautés, jaunes au centre de la fleur, rouges aux pointes des pétales, étrange ressemblance avec une étoile de mer.


2 commentaires

  1. Il existe de nombreuses variétés de cette fleur,mais celle ci est vraiment originale!
    J’ai toujours connu des dahlias chez ma grand-mère,c’était sa fleur préférée.
    J’ai noté le livre de Marc Elder

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