C’est la Sainte-Radegonde d’hiver aujourd’hui. Oui, je sais, merci de l’info, vous ne connaissez aucune Radegonde. Ou peut-être que si ? Peut-être que ce prénom qui figure ici au Top 50 des oubliés du calendrier est super tendance ailleurs sur la planète ? Dans ce cas, que les Radegonde se manifestent, je leur enverrai un bouquet virtuel de roses de Giverny.
Radegonde était mariée à Clotaire. Bien disparu aussi comme prénom. Je crois qu’il y a un Clotaire dans le Petit Nicolas de Goscinny, mais c’est parce que l’auteur s’est amusé à collectionner des prénoms improbables.
Clotaire et Radegonde… Ce n’était pas le couple de l’année, ces deux-là. Ils ont vécu au 6e siècle. Radegonde était une princesse germanique, et par malheur, quand elle était petite, son père et Clotaire se sont fait la guerre. C’est Clotaire qui a gagné. Le fils de Clovis a massacré la famille de Radegonde et a emmené l’enfant en captivité.
On l’imagine noble, douce et belle, Radegonde. Sinon, pourquoi Clotaire aurait-il eu l’idée de l’épouser quelques années plus tard ?
Malheur aux vaincus ! Radegonde, la mort dans l’âme, doit se soumettre à l’assassin de ses parents. La pieuse jeune femme devient reine, et voit dans cette situation le moyen de faire encore plus de bien autour d’elle. Radegonde se consacre aux pauvres et aux malades. Elle s’approche sans crainte des lépreux et n’est pas dégoûtée par les dermatoses les plus aiguës.
Clotaire devrait se réjouir d’avoir une épouse aussi vertueuse. Mais il ne trouve rien de mieux à faire que d’exécuter son frère, soi-disant pour trahison. C’en est trop pour Radegonde, toute sainte qu’elle soit. Elle veut prendre le voile, mais son royal époux ne l’entend pas de cette oreille et la fait poursuivre. Radegonde parvient à s’échapper grâce au miracle des avoines : elle fait instantanément pousser un champ pour s’y cacher. Elle fondera une abbaye à Poitiers, où on conserve toujours ses reliques.
L’église de Giverny est consacrée à Sainte-Radegonde. Une statue de pierre du 17e siècle, située à gauche de l’autel, la représente en mère-abbesse.
Le culte de la sainte est encore très vivant en Normandie. On recense neuf sanctuaires où elle est vénérée. Sa fête principale est le 13 août.
C’est le roi de France Charles VII qui, en 1450, en lance le culte. On sort de la Guerre de Cent Ans et le protégé de Jeanne d’Arc veut s’affirmer comme l’héritier légitime du trône de France, en soulignant ses neuf siècles de lignage royal. Pour enfoncer le clou, il prénomme d’ailleurs sa première fille Radegonde.
La foi populaire prête des vertus curatives à Sainte-Radegonde, qui fait partie des saints guérisseurs. A Giverny, on peut voir à l’entrée de l’église la « pierre de Sainte-Radegonde », sans doute un ancien menhir ou dolmen christianisé ultérieurement, qui a la réputation de soigner les maladies de peau. Ce n’est pas impossible, après tout. Au vu de ce que l’on sait aujourd’hui sur les dermatoses atopiques, il se peut que certaines d’entre elles cèdent au tellurisme du lieu, renforcé d’une prière fervente. L’avoine, pour sa part, possède des principes actifs utilisés en pharmacie pour adoucir les peaux irritées.
Comme tout a une fin, et que c’est l’heure du goùter, moment sacré quand je retourne à mes racines de l’Eure, d’outre-andelle, je suis heureux de savoir que Monet (et consorts) repose là de sa longue vie d’artiste, aveuglé à la fin par trop de lumière et couleurs. Pas encore panthéonisé, tant mieux. J’ai connu une jeune hirondelle italienne, que le hasard a fait venir à Vernon, an 2000, au pair. Monet, son peintre de prédilection, comme beaucoup, trônait en une énorme affiche carton, imprimée par il corriere della sera, en tête de lit dominant la mer qu’elle chérissait (tel l’homme de Baudelaire). Elle a battu la campagne de Bonnard, a survolé les pâquerettes de la colline aux oiseaux, a hanté le nocturne parc du château de la Madeleine de Pressagny, a tant lu de Gallimard qu’en quittant le port-mort de notre langue, elle s’est simplement offerte en crime et châtiment. A t’elle visité cette tombe et même la dernière demeure du maître de l’impressionnisme, je ne sais. Je l’aurais fort bien vu, une ombrelle sur l’épaule comme le tableau énoncé plus haut, à l’issue de sa passeggiatta, dire la vraie lumière du levant de la riviera ligurienne à ce vieil homme hemingWaynien. Son prénon: Alice.
Alice, charmant prénom, comme votre anecdote.
très beau commentaire riche de l’hitoire d’un passé lointain
j’aime lire et savoir sur la vie de Mr Claude Monet de sa vie a Giverny.
de Sainte Radegonde que je ne connaissais pas.
Merci pour vôtre brillant article.
Bonjour,
J ai beaucoup apprécié votre page Ste Réponde….j ai écrit un chapitre de mon livre ( roman fantastique) sur Giverny à l époque de Claude Monet et je voulais faire quelques lignes sur cette Sainte. On m avait parlé de des pouvoirs de guérison au village mais aucun article ne m avait inspiré….. Grâce à votre joli façon d en parler cela me donne envie de compléter sur ce sujet.
Merci à vous
Marie-christine
Bonjour Marie Soleil, merci, c’est une sainte attachante que cette Radegonde. J’ai hâte de lire votre livre givernois ! Je lui souhaite beaucoup de succès !