Le jardin de Monet en janvier 1961, photo Albert Pillon
En janvier 1961, voici comment se présentait le jardin d’eau de Claude Monet à Giverny, trente-cinq ans après la mort du peintre.
Cette photo d’un grand intérêt documentaire a été prise par Albert Pillon, un Givernois émigré au Québec cinq ans plus tôt. Lors d’une de ses visites dans son village natal, il a pensé à fixer sur la pellicule le fameux bassin aux Nymphéas, motif préféré du chef de file de l’impressionnisme.
Si vous agrandissez la photo, vous pourrez apercevoir les arceaux de l’embarcadère aux rosiers, à peu près au milieu du cliché. Ils permettent de situer l’angle de prise de vue et de comparer avec la restitution actuelle du jardin. Le pont, les bambous, le hêtre pourpre sont hors champ sur la droite.
Certes, c’est l’hiver, une époque où la végétation s’efface, mais le jardin paraît net et entretenu. On est loin de la jungle impénétrable, du bassin partiellement comblé, à l’eau noirâtre, que décrira Gérald van der Kemp quinze ans plus tard.
Les arbres échevelés qui se mirent dans l’étang ont l’air d’être des saules, aucun d’eux n’a survécu jusqu’à aujourd’hui. Mais un saule pleureur se devine sur la gauche, ainsi que des rosiers. Le jardin lui-même donne une impression de vide et de simplicité, loin de l’opulence actuelle.
La petite clôture de barbelés bien symbolique ne dissimule rien au regard des promeneurs qui se tiennent sur le talus de chemin de fer, une disposition fidèle à l’esprit de Monet.
J’imagine les passants de 1961, ceux qui croient apercevoir une banale mare de campagne, et ceux qui savent qu’ils ont sous les yeux le motif d’innombrables chefs-d’oeuvre.
Suspendu entre ce qu’il a été et ce qu’il va devenir, l’étang a déjà en lui ce magnétisme qui attirera bientôt des millions d’admirateurs de tous les coins de la planète.
J’avoue ne pas arriver à m’orienter sur cette photo. En tout cas un témoignage précieux sur les étapes vécues par le jardin.
C’est vu depuis la route au niveau des saules en direction de l’embarcadère.
Ah merci ! çà y est, je vois, y compris les arceaux que je n’arrivais pas à distinguer la première fois. Puis-je utiliser la photo à l’avenir dans un billet, où avez-vous eu une autorisation exceptionnelle pour la publier ?
Elle appartient à M. Pillon, je vous envoie son e-mail.
J’ai passé mon enfance à Giverny et je reconnais parfaitement ce qu’on appelait à l’époque"l’étang de Monet"vu depuis la ligne de chemin de fer,avant que la route(CD5) ne soit aménagée en 1970.
Cette vue d’albert Pillon montre très bien que les jardins et l’étang étaient entretenus par un jardinier,Monsieur Blin.Ce n’était pas l’opulence qu’on connaît aujourdh’ui,mais c’était loin d’être la jungle qu’on a évoqué dans la presse au moment de la restauration de la propriété.
Merci beaucoup pour votre témoignage et vos précisions. J’espère qu’il y a quelque part des photos du jardin après 1966, pour comparer.