Au-dessus du village de Giverny, le genévrier a profité des terrains rendus disponibles par le recul du pâturage pour s’installer un peu partout sur la colline. Plus que la vue imprenable, son agent immobilier a su lui vendre l’exposition dégagée et plein sud qu’il adore. Un vrai petit solarium où ses baies mûrissent lentement, pour atteindre toutes les nuances de bleu.
En fait de baies, ce sont des galbules, un mot improbable inconnu du Larousse qui désigne ses cônes, puisqu’il fait partie des conifères. Le genévrier les a astucieusement camouflés en fruits si jolis qu’ils ont l’air d’inviter les oiseaux à les manger.
Leur goût, vous le connaissez, pour peu que vous ayez déjà dégusté une choucroute, ils ont une saveur un peu forte et âcre qui donne plutôt envie de les pousser sur le bord de l’assiette. N’en faites rien, c’est pour votre bien.
Les genévriers feront-ils souche à Giverny ? Il faudra pour cela que les brebis continuent de brouter régulièrement sur la colline, tout en grignotant au passage les arbrisseaux qui auraient des velléités de s’implanter. Car si des lotissements entiers de prunelliers surgissent de terre comme des champignons, le genévrier, déçu qu’on lui pique son soleil, ne tarde pas à faire ses bagages vers des cieux plus cléments. Gêné, viré.
Genévriers contre prunelliers, aiguilles contre feuilles, j’aurai parié les genévriers gagnants 😉
Ces aiguilles-là, elles se piquent d’être seules au monde. Il leur faut une plage déserte pour y étaler leur serviette.