Ce qu’il y a de bien avec Michel Pastoureau, c’est qu’on n’est jamais déçu. Chacun de ses livres allie une érudition sans faille à un talent didactique. Bref, avec « Noir », nous ne restons pas dans les ténèbres. Pastoureau est même très éclairant.
Le plus frappant, finalement, c’est de voir à quel point tout est affaire de culture et complètement subjectif. Nous faisons nôtre la façon de voir de notre époque.
A travers les siècles, le rapport au noir évolue. Il fait peur, il séduit, il impressionne. Et comme rien n’est simple, il peut même être négatif et positif à la fois.
Cette ambivalence se retrouve jusque dans le lexique. Le latin disposait de deux termes pour désigner le noir, tout comme pour parler du blanc d’ailleurs. Ater est le noir mat, niger le noir brillant. Cette opposition existe aussi en ancien haut allemand (swarz/blach) et ancien anglais (swart/blaek).
Encore plus fort : « le paramètre de luminosité est plus important que celui de coloration ». Le noir-black et le blanc ont une étymologie commune qui vient de briller, blik-an.
On ne peut s’empêcher de penser au contraste de brillance et de matité dans les oeuvres de Pierre Soulages, que ce soit ses Outrenoirs ou les blancs des vitraux de Conques. A Rodez, j’ai été fascinée par la toile ci-contre.
Dans la lumineuse brillance des noirs, j’ai retrouvé le bassin aux Nymphéas, les jours où il se métamorphose et s’habille haute-couture comme celui-ci ou celui-là.
Pierre Soulages, Peinture 300 x 236, 9 juillet 2000 (détail) Huile et acrylique sur toile, musée Soulages, Rodez
Oui ! Je me suis régalée avec le 3bleu". Je continue à explorer, c’est passionnant, merci Ariane.
Ravie de vous revoir, la fargussienne ! Ah ! Bleu ! C’est avec ce bouquin que j’ai découvert Pastoureau…
Pastoureau nous fait prendre conscience de tout ce qu’il y a de culturel, de contextuel, dans la manière dont nous regardons les couleurs. C’est passionnant.