A quelques pas de la Fondation Monet, le musée des impressionnismes de Giverny possède un petit bijou de jardin. Et commme un bonheur n'arrive jamais seul, son accès est libre aux heures d'ouverture du musée. Il faut prendre la peine de le parcourir car il ne se révèle qu'au fil de la déambulation, dans un émerveillement qui se renouvelle à chaque pas.
C'est la paysagiste Florence Robert qui a dessiné la première ébauche du jardin, reprise par l'artiste américain Marc Rudkin à qui l'on doit l'idée des chambres de verdure.
L'astuce pour faire paraître grand les petits jardins, c'est de les découper en zones délimitées par des haies, de ménager des vues et des surprises. Des rangées de charmes et d'ifs forment des chambres rectangulaires consacrées chacune à une couleur de fleurs : rouge, jaune, bleue d'une part de l'allée centrale, noir et blanc de l'autre. J'y vois un clin d'oeil à Daniel Terra, fondateur du musée (à l'origine Musée d'Art Américain de Giverny). Ce milliardaire américain avait fait fortune dans l'encre d'imprimerie. On retrouve d'un côté les couleurs de l'offset, cyan, jaune, magenta, et de l'autre le noir de l'encre et le blanc du papier.
Les jardins de fleurs noires sont à la mode. En horticulture, les fleurs qu'on dit noires ne le sont jamais, c'est plutôt du pourpre très foncé. L'effet est surprenant.
Le chouchou de tout le monde, toutefois, c'est le jardin blanc, plus vaste, si frais, avec son petit bassin aux poissons rouges et ses jolis bancs.
Il se termine par deux massifs de plantes aromatiques qui passeraient presque inaperçus à côté de toutes ces fleurs, mais que je copierais bien : à côté des géantes, rhubarbe et céleri vivace, se déploie toute la gamme des verts et des gris des thyms, menthes, oseilles, ciboulettes et fenouils, dans une savante juxtaposition de textures.
La chambre suivante fait la surprise d'une petite roseraie des plus classiques, avec sa bordure de buis taillés.
Un soin tout particulier a été apporté à l'allée centrale, somptueuse quand ses structures métalliques se couvrent de glycines blanches, ou plus tard de grandes ipomées d'un bleu profond. Elle se termine par une petite passerelle. Pergola de glycine et pont sont, vous l'aurez deviné, un clin d'oeil au jardin de Claude Monet voisin.
Le jardin récèle encore d'autres trésors, tels que la prairie fleurie de coquelicots et de bleuets, qui deviennent plus tard des meules de foin propices à la peinture. Il y a aussi un verger de pommiers, des photinias taillés en pyramides inversées… L'été regorge de dahlias. Il se pourrait toutefois que l'automne soit la plus belle des saisons. A vous de vous faire votre opinion.
Je ne manque jamais d'y faire un tour quand je vais à Giverny !