Regardez ce chêne, comment il a l’air de donner la main à la balustrade qu’on lui a accolée. La barrière est en faux bois de ciment, le tronc est un vrai chêne en bois d’arbre.
Voilà quelque cent ans, le maçon a installé son garde-corps au ras de l’arbre qui, en grossissant, a fini par s’y souder, parachevant l’illusion.
La photo est prise au moulin d’Andé, un moulin sur la Seine entre Giverny et Rouen.
Ce centre de rencontres culturelles très réputé sur les plans littéraire, musical, cinématographique, dispose d’une salle de spectacles située au sommet de la colline. De là-haut, le panorama s’étend, magnifique, sur la vallée de la Seine. Le belvédère est bordé par cette balustrade en faux bois, qui voisine avec un ravissant kiosque dont les poteaux figurent des arbres tous différents.
Le style rocaille a été abondamment décliné dans toute cette partie du domaine, des rambardes de pont aux fausses souches. Le plus spectaculaire et original, ce sont les énormes murs de soutènement à flanc de coteau qui imitent des rochers de montagne.
Quand j’étais ado, je détestais le faux bois en ciment. Je le trouvais ridicule et kitsch. Les temps changent, aujourd’hui je suis pleine de tendresse et d’indulgence pour le style rocaille. Son côté désuet me paraît charmant. C’est peut-être simplement qu’assez de temps a passé, comme pour toute mode, adulée, rejetée puis redécouverte.
A Paris, le faux bois règne en maître aux Buttes Chaumont, il se déroule en interminables escaliers à Montmartre. Nos arrières grands-parents ont tellement adoré ça qu’on en trouve encore partout.
Parfois, l’ouvrage un peu écorché laisse voir, sous l’écorce factice, l’armature de fer, comme un magicien qui dévoilerait un truc. Il s’en dégage quelque chose de pathétique. Le plus souvent, c’est la fantaisie qui domine, ce gigantesque élan vers le végétal qui a porté tout le courant art nouveau à la fin du 19e siècle.
C’est presque étonnant qu’il n’y ait pas le moindre soupçon de faux bois dans les jardins de Monet à Giverny, contemporains de l’époque où des forêts de ciment s’abattaient sur les parcs et les jardinets. Avec son oeil perçant, le peintre ne devait pas aimer ces imitations plus ou moins réussies.
je trouve ce billet très bon, très juste, je ressens les mêmes choses en regardant ces rocailles s’abimer, que trouvaient si kitsh plus jeune…
Je vous conseille une balade aux "grottes de Majolan" Blanquefort, près de Bordeaux, un jardin immense, avec grottes, rivières artificielles, îles fantastiques, fausses ruine médiévales, construites pour sauver la fille du riche propriétaire de la "mélancolie"
AUjourd’hui les bambous ont disparu, les rivière asséchées, mais ça a encore de beaux reste, et justement une certaine mélancolie pathétique comme vous dites
Cet article est intéressant et coincidence j’ai fait un billet le 28 avril sur mon site sur le Parc de Majolan où j’allais jouer dans les année 65 avec ma soeur et mes cousins.
Si ça vous intéresse, cliquez sur le lien suivant:
jardinoscope.canalblog.co…
Cordialement
bonsoir, je viens de découvrir votre blog qui m’a bien plu ! je trouve interessant de vous présenter une amie, joelle : c’est l’url de son site que je vous ai mis en lien, elle est passionnée par l’art de la rocaille et fabrique des meubles tout simplement superbes ! j’espère que vous apprécierez, à bientot
Un bel article plein de poésie. effectivement comme le sous entend véronique les rocailleur ne sont pas mort en France (même si Joëlle LE BOZEC a cessé son activité). nous sommes toujours là pour entretenir, préserver et enrichir se patrimoine