Parmi toutes les cathédrales normandes, Rouen est la plus grande, Bayeux peut-être la plus riche, et, sans vouloir froisser personne, Coutances l’une des plus belles, pour sa pureté et sa luminosité.
La cathédrale de Coutances telle que nous la voyons date du 13e siècle, elle a donc été bâtie en style gothique rayonnant. L’édifice roman qui préexistait a été englobé dans la maçonnerie, une pratique qu’on retrouve ailleurs, par exemple au Mont Saint-Michel ou, plus près de Giverny, à Vétheuil.
On n’aura pas trop de regrets, car si l’église romane était peut-être fort belle, la cathédrale gothique est une pure merveille.
Quand le remodelage de Coutances commence, c’est le début du 13e siècle, et depuis que Philippe-Auguste a annexé la Normandie après la prise de Château-Gaillard en 1204, la région traverse une période de paix et de prospérité qui va durer jusqu’à la guerre de Cent ans, cent cinquante ans plus tard. Partout, on construit, on agrandit, on remanie les églises.
La ville de Coutances se trouve dans le sud du Cotentin, la presqu’île qui s’avance dans la Manche comme un bras désignant l’Angleterre. Le style gothique s’impose dans toute la France, mais on décèle des variations locales. Celles qui caractérisent le gothique normand sont réunies à Coutances.
La magnifique tour lanterne a fait la réputation de l’édifice. Sa voûte culmine à plus de 40 mètres du sol. A mesure que l’on s’élève, on passe du plan carré des quatre piliers qui la soutiennent au cercle, au sommet de la voûte : le carré symbolise la Terre, le cercle représente le Ciel. Entre les deux, un octogone, image de la Résurrection. Les baies de la tour lanterne, qui créent un puits de lumière à la croisée du transept, s’alignent sur cet octogone. Leur forme longiligne évoque celle de cierges sur les candélabres en forme de roue qui éclairaient autrefois les églises.
Avec l’élévation à trois niveaux, les coursières sont une autre caractéristique du gothique normand. Voyez-vous les fenêtres hautes de la nef et du transept ? La coursière est l’étroit passage bordé par un balcon qui permet de marcher devant les fenêtres hautes. Les chanoines pouvaient y accéder pour certaines célébrations.
Normande encore (la liste n’est pas exhaustive), la multiplication des moulures des piliers. L’idée est de renforcer la verticalité, support à l’élévation spirituelle : de nombreuses lignes verticales soulignées par le jeu de l’ombre et de la lumière comme par un trait de crayon noir accentuent l’impression de mouvement ascensionnel.
Merci infiniment pour votre commentaire : amoureux de "notre" cathédrale, nous ne pouvons que souscrire à vos dires. Lorsque, en guide amateur, je la fais visiter, je dis, en boutade, qu’elle est la plus belle du monde ! par sa pureté, sa verticalité, son élégance, sa "normanité" gothique : un bijou, quoi !. Tous les coutançais lui sont très attachés et la famille L.(dont je suis) particulièrement : G. L. sacristain éclairé, nous a donné le "virus" de sa passion pour l’édifice depuis les années 50
J’ai eu l’occasion de faire un devoir de Théologie sur la cathédrale du XIIIe siècle et j’ai beaucoup appris là encore.
Au sein du CGHL (Cercle de Généalogie et d’Histoire Locale de Coutances) je viens de participer à la rédaction d’un livre sur la vie au jour le jour dans la cathédrale : j’ai traité le XXe siècle, et Mme D. les siècles précédents.
N’oubliez pas d’aller sur le site des Amis de la Cathédrale de Coutances (adresse ci-dessus) : vous y trouverez des photos, articles et liste d’ouvrages à consulter.
Belle cathédrale en effet, la tour lanterne octogonale est vraiment gracieuse.
Si je me souvient de mes cours d’histoire de l’art, quand on passe d’une croisée carrée vers une ouverture en octogone on utilise des "trompes", ces triangles que l’on voit sur la photo.
Bonne fêtes.
Yann, j’hésite toujours entre trompe et pendentif, encore un de ces traquenards dont les termes descriptifs de monuments ont le secret !