Devant la maison de Claude Monet à Giverny, la grande allée qui dévale jusqu’au portail se laisse envahir chaque année par les capucines. De chaque côté, une frise de dahlias simples rose foncé fait le lien avec les massifs plus hauts installés sur les buttes latérales, où l’on reconnaît cosmos, dahlias cactus, impatiences, glaïeuls, cléomes, soleils, et même le bleu des delphiniums.
Le chef jardinier James Priest s’est inspiré des toiles de Monet pour choisir les couleurs et les volumes des fleurs plantées dans l’allée, avec la volonté de se rapprocher le plus possible de l’esprit du maître. Les bouquets de salicaires ont été fortement réduits pour diminuer l’impact de leurs masses couleur lilas. L’effet est plus lié et plus doux.
En fin d’été, la végétation atteint des tailles extravagantes à Giverny. Le jardin ne se dévoile que petit à petit à mesure que l’on avance. Quand soudain l’allée centrale apparaît dans tout son apparat, les visiteurs, qui jusque-là répétaient « C’est beau !« , se mettent à employer un autre vocabulaire.
Que diriez-vous, vous-mêmes ? Les anglophones s’exclament « Awesome! » ce qui équivaut à peu près à énorme, incroyable, génial ou effarant. Une dame allemande m’a ravie en répétant « Wahnsinn! » (folie) que je me suis traduit par « c’est dingue ! »
J’adore que les visiteurs soient sensibles à la folie horticole de la fin de saison. Leurs visages émerveillés. Les étoiles dans leurs yeux, parce que c’est encore bien plus beau que ce à quoi ils s’attendaient. « J’ai déjà visité beaucoup de jardins, me confiait une visiteuse aujourd’hui, mais quelque chose comme ça, CA !!!, je ne l’avais jamais vu… »
C’est l’époque de la plénitude pour les jardins, et c’est aussi une expérience de plénitude pour les gens qui découvrent celui-ci.
Assister chaque jour à cette rivière de bonheur qui dévale la pente et vient éclabousser de joie les visiteurs, voilà qui me comble moi-même. C’est l’un des enchantements du fait de travailler dans les jardins de Monet.
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Je dirais quelle est somptueuse l’allée centrale, c’est un de mes moments préférés à Giverny. Je l’ai trouvée particulièrement belle cette année.
bonjour,
En voyant votre photo, on s’attend à voir Claude Monet apparaître tout au fond devant le portail !
Admiratrice de C.Monet, c’est un réel plaisir de lire votre blog, merci à vous.
Quel changement depuis notre passage le 25 juin !
C’est fantastique cette propension des capucines à envahir les allées.
J’adore ces fleurs qui font partie de celles qui se trouvaient dans le jardin de mon enfance et que j’admirais éperdument pour leur faculté à retenir dans leurs feuilles les perles d’eau de pluie, ou plus souvent de l’arrosoir vu qu’Avignon, question arrosage céleste, ce n’est pas la Normandie !
Les capucines de mon souvenir poussaient dans une grande marmite placée sur une table de pierre et je m’émerveillais en inclinant légèrement les feuilles pour faire rouler les perles de cristal qui s’irisaient dans les rayons du soleil.
Merci Ariane, pour votre visite au grenier, je vous ai enfin répondu !
Je découvre ce beau blog par Tilia qui parle si souvent de vous ! Je porte le même prénom que vous et suis ravie d’arriver chez vous pour y lire cet enthousiasme lumineux que vous mettez dans chaque mot ! J’ai lu plusieurs billets et reviendrai ! Belle journée à vous !
Aifelle, somptueuse, c’est cela.
Christine, si Monet revient voir son jardin, je suis sûre qu’il le trouve splendide, ou pour employer son euphémisme préféré, « pas trop mal ».
Tilia, j’imagine très bien la marmite pleine de capucines, cela devait être bien joli. C’est drôle comme les fleurs nous évoquent notre enfance, n’est-ce pas ?
Ariane, alias pétales de fées, bienvenue ! Vous avez le sens de la formule, c’est impressionnant. Il faut que vous veniez voir Giverny, les fées fréquentent assidûment ce jardin, vous serez en pays de connaissance.
Si beau le jardin en fin de saison ! Je le préfère à ce moment de l’année, avec ses fleurs flamboyantes aux tailles déraisonnables. Et avec le parfum gorgé de soleil de toute cette végétation débordante.