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Les voyages qu’on ne fera pas

Devant la maison de Monet, de grosses potées bleues montent la gardent. Les lobélias qui cascadent gracieusement par-dessus bord répondent aux tons du décor d’inspiration asiatique qui les orne. Un rêve bleu.

Je ne suis pas assez calée pour savoir si ce décor est japonais ou chinois, fait là-bas ou plus près d’ici. Mais peu importe au fond. Car Monet n’a jamais quitté l’Europe, sauf lors de son séjour sous les drapeaux en Algérie.

Il connaissait plusieurs régions de France : la Normandie en long et en large bien sûr, la Bretagne par son séjour à Belle-Île-en-Mer et Noirmoutier, le Sud-Ouest, la côte d’Azur, la Creuse… Il a fait de fréquents voyages à Londres. Il a visité la Suisse et l’Espagne. Il a peint longuement en Italie à Venise, à Bordighera, en Hollande. Tous les pays proches de la France, en somme, sauf l’Allemagne, où pourtant on appréciait sa peinture. Mais jamais il n’a songé à s’embarquer pour le Japon. Trop loin. Trop long.

Cela n’a pas empêché Monet de rêver du Japon toute sa vie, en fervent collectionneur d’estampes. Il s’est entouré de ces images exotiques, y puisant inspiration et délassement. De nombreux objets et meubles, dans sa maison, attestent de son goût pour le japonisme.

Nous revoilà dans la situation de Monet, cette année. Les pays aux antipodes sont redevenus des destinations lointaines, dont on ne fait que rêver. Nous en regardons des images sur nos écrans, tout en restant à la maison. Les raisons ne sont plus les mêmes que celles de Monet, mais le résultat est le même.

C’est une année à cultiver des lobélias.


4 commentaires

  1. Merci, Ariane, pour ces billets bleus, des iris aux lobélias. Trop peu de bleu dans le ciel de Bruxelles ce matin, et un conseil national qui va sans doute resserrer la vis…
    Je t’envoie de mon jardin suspendu le rose des hortensias, des cosmos, des rudbeckias, des dipladénias… et le joli ton vanille du laurier-rose.

  2. Au nombre des voyages de Monet, je voudrais ajouter son lointain et long déplacement en Norvège en plein hiver (du 28/01 au 4/04/1895). Les paysages norvégiens lui font penser aussi au Japon.
    Le 1er mars 1895, il écrit à Blanche : « …On dirait le Japon, ce qui est du reste fréquent en ce pays. J’ai en train une vue de Sandviken qui ressemble à un village japonais, puis aussi une montagne que l’on voit de partout ici et qui me fait songer au Fuji Yama… »
    Le catalogue Wildenstein mentionne 29 toiles peintes par Monet en Norvège reprises sous les numéros 1393 à 1418.

    • Oui Marc, vous avez tout à fait raison, j’ai oublié la Norvège dans la liste. Peut-être parce que c’est un voyage que je devais faire ce printemps sur les pas de Monet et qu’il est passé à la trappe… Un de plus parmi tous les voyages annulés cette année.

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Ariane.

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