La fin de l’année scolaire rime avec sorties des écoles primaires.
J’aime bien guider les écoliers. C’est un âge merveilleux où l’on a envie de tout apprendre, de tout savoir, où tout vous intéresse.
A la moindre question, une forêt de doigts se lève ; on avance par échange, les réponses fusent plus ou moins exactes, on peut préciser tel ou tel point.
Après qu’ils ont longuement répondu à mes questions, c’est moi qui suis à la disposition des leurs. Il arrive qu’ils s’emparent de cette autorisation comme d’une aubaine, un adulte qui veut bien répondre à tous leurs pourquoi !
Je fais de mon mieux, je tâche de satisfaire leur curiosité tandis qu’ils ouvrent des fenêtres sur leurs âmes d’enfants.
Mais quelquefois on aborde des sujets qui donnent le vertige.
– Pourquoi est-ce qu’il y a des plantes toxiques ?
Il perce dans la voix comme un reproche, une incompréhension peinée.
Ils ont vu, dans les jardins, la digitale, leurs accompagnateurs les ont mis en garde contre cette empoisonneuse.
Comment les jardiniers de Giverny, le Créateur, la Nature ont-ils pu leur faire ce coup-là, mettre sur leur chemin des fleurs qui tuent ? Comment des plantes aussi belles peuvent-elles être si perfides ?
Leur confiance dans le monde en est ébranlée, ils ont un sentiment d’injustice.
Les voici confrontés à toute l’ambiguïté du Bien et du Mal, face à cette digitale qui peut aussi guérir.
Et leur question fait écho à cette autre question à laquelle les adultes n’ont pas de réponse : dis, pourquoi il y a la guerre ?
Bel article ! Merci Ariane.