Hier matin j’ai guidé une famille dans les jardins de Monet. Arrivés au bout du bassin, mes clients se sont livrés à la traditionnelle séance photos devant les Nymphéas et je me suis éloignée de quelques pas en attendant. J’étais debout au bord de l’étang, rêveuse, les yeux perdus sur la surface, quand j’ai senti une main fine se glisser dans la mienne. C’était l’aînée des enfants, une fillette de dix ou onze ans. « J’ai besoin de tenir la main de quelqu’un en regardant ça, » a-t-elle soufflé tout bas à travers son masque. « Ca vous ennuie ? »
J’étais émue moi aussi, du coup. « J’adore ça ! » l’ai-je encouragée. Et puis après, surtout plus un mot pour ne pas briser cet instant qu’elle avait créé. Nous avons rêvé à deux en regardant la brise jouer entre les nénuphars. Puis nous avons fait quelques pas main dans la main jusque sous le saule, et nous avons attendu les autres. Je sentais sa paume contre la mienne, en ces temps où les adultes ne se serrent plus la main. Je la devinais submergée par la beauté du jardin, attentive à son émotion. En train de vivre un moment fort, un souvenir pour plus tard, peut-être.
La parenthèse s’est refermée, la visite a repris son cours. Mais cette petite main disparue a laissé son empreinte dans la mienne. Si je ferme les yeux, ou si je contemple le bassin de Monet, du côté du petit pont, je la sens encore palpiter dans toute sa fraicheur d’enfance. Elle me dit ce que cette petite fille sait encore d’instinct : que la beauté du monde nous relie. Et que les moments d’émotion se vivent dans le partage et dans le lien.
Moment de grâce ..
Emotion partagée…cela demeurera un beau souvenir pour toi!!!
En effet!