A Rouen, la rue des Chanoines est l’une de ces petites merveilles qui vous enchantent quand vous découvrez une nouvelle ville. Une surprise pleine de charme qui se révèle en passant sous un porche, quand on descend de la cathédrale à l’église Saint-Maclou par la belle rue Saint-Romain.
La rue des Chanoines commence très discrètement, enjambée par un bout de maison qui ne laisse d’elle qu’une portion congrue.
En jetant un coup d’oeil sous le porche, on a vu qu’il y avait là plus que la cour privée à laquelle on s’attendait. C’est une venelle qui s’ouvre, aguichante avec ses colombages entr’aperçus.
On ose, on s’avance. Derrière le porche, la ruelle donne sur des jardinets, une verdure privative qui étonne et qui fait du bien en plein coeur de la cité.
A quoi tient le pittoresque ? C’est biscornu à souhait. Les maisons à l’âge immémorial se penchent, murmurent, sans l’ombre d’une fausse note dans les matériaux.
Il fait calme dans cette enclave. On marche sur les pavés luisants de pluie, on imagine que des chats rôdent quand il fait beau.
On est en ville, mais pas tout à fait, un peu en marge. Le temps aussi se brouille, passé et présent se confondent.
Ce n’est pas vraiment une rue, même si la rue des Chanoines le prétend, non sans une pointe d’exagération qui frôle la vantardise. Plutôt un passage créé par le temps et l’usage, un raccourci pratique pour rejoindre plus vite le portail des Libraires sur le flanc nord de la cathédrale et être à l’heure à l’office. Les chanoines, ces clercs attachés au service d’une église, passaient par là pour se rendre à leur messe biquotidienne. Ils y logeaient peut-être.
A l’autre bout, la ruelle se rétrécit brusquement, sous l’emprise d’une bâtisse imposante et plus haute que les autres. A nouveau, une allure de porche fait déboucher sur la rue Saint-Nicolas, mais ce couloir est si étroit que la rue des Chanoines est presque invisible de ce côté là.
On se faufile, on sort. On quitte l’atmosphère paisible et le temps suspendu pour l’animation d’une voie commerçante, avec cet air de contentement que donne la découverte d’une pépite réservée aux initiés. C’est un peu comme si la ville nous avait fait une confidence.
Voilà, on fait partie de ceux parmi les passants de Rouen qui connaissent la rue des Chanoines, on partage avec eux ce petit secret, et on a presque l’impression d’appartenir à un club, une coterie qui sans cesse accepterait bénignement les nouveaux membres.
Pour faire partie de la Grande Confrérie des Connaisseurs de la Rue des Chanoines, c’est tout simple, il suffit d’y passer.
Je rêve d’habiter là ! la première petite maison sur la gauche, en entrant dans la rue me conviendrait tout-à-fait, avec son carré de verdure. Un soir, par hasard, un porche était ouvert, dévoilant une grande cour intérieure ..
Un joli rêve ! Je te comprends tout à fait !
Charme des lieux et du nom de la rue. Sympathique confrérie.
Salut! Je vous demande: où est exactement le Portail des Libraires de la cathédrale de Rouen?
Je vous remercierai pour l’information!
C’est le portail nord, on y accède en partant vers la gauche quand on fait face à la cathédrale.
Bonjour Ariane,
Joli prénom (celui d’une de mes filles).
Tombé incidemment sur cette jolie promenade dans la rue des Chanoines, je ne peux que vous féliciter pour votre écriture, et vous remercier pour cette petite promenade impromptue.
Guillaume
Merci Guillaume. Je suis ravie que ce billet vous ait plu. Vous êtes gentil de penser à le dire.