C’est une question qui revient souvent de la part des visiteurs : que s’est-il passé à Giverny pendant les années noires de l’Occupation, puis à la Libération ? Y a-t-il eu des dégâts ?
Le moulin de Cossy à Giverny
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, le village de Giverny est occupé par la Gestapo qui s’installe au moulin de Cossy, près du pont de Limetz (aujourd’hui propriété de la famille Balkany). Au printemps 1944 l’organisation Todt réquisitionne plusieurs propriétés de la commune. Celle de Claude Monet, où Blanche vit seule, échappe à ces réquisitions.
Des centaines d’ouvriers, parmi lesquels des prisonniers du front de l’Est et des déportés, s’activent à transformer les carrières de Mortagne, au-dessus de Manitot, entre Giverny et Vernon, en quartier général pour Rommel, installé en attendant à La Roche-Guyon. Sous la botte de l’occupant, les villageois retiennent leur souffle.
Enfin, la radio de Londres les informe du début des opérations de débarquement sur les plages normandes. Il faudra près de trois mois aux Alliés pour parvenir à Giverny.
Un événement dramatique marque cette période. Dans la nuit du 7 au 8 juin 1944, au lendemain du Jour J, un groupe de 18 bombardiers de la Royal Air Force survole Vernon en direction de la vallée de Chevreuse en région parisienne.
L’un des avions alliés a été repéré par un chasseur allemand au-dessus du pays de Caux. Atteint par plusieurs projectiles, les moteurs en feu, le Lancaster LL-H 864 s’écrase dans la plaine des Ajoux à Giverny.
Les sept membres d’équipage, âgés de 20 à 31 ans, périssent sur le coup. Ils sont enterrés dans une tombe commune dans le cimetière de Giverny.
En 1997 et en 2004, l’Association normande du Souvenir aérien et le Groupe normand de Recherche entreprennent des fouilles dans le champ où l’avion s’est écrasé. À six mètres de profondeur, plusieurs éléments, dont les moteurs et des pales d’hélice, sont retrouvés. L’intervention de démineurs est nécessaire pour désamorcer les 14 bombes de 250 kilos encore enfouies sous les restes de l’avion.
L’une des pales d’hélice sera érigée en monument commémoratif près de l’église, non loin de la tombe de Claude Monet.
L’église Sainte-Radegonde elle-même a été au cœur des combats pour la Libération. Des positions allemandes près du monument ont été la cible de l’artillerie anglaise. Les obus tirés par les chars alliés les ont neutralisées, mais ils ont aussi transpercé l’édifice et les toitures. Ces dommages ont pu être réparés dès 1946.
Après d’âpres combats, les hommes du 4th Wiltshire Regiment, sous la conduite de Jack Reavley, Sergeant Carrier Platoon de la « S » Company, ont libéré Giverny le 28 août 1944. Cette victoire met un terme à la rude bataille pour le franchissement de la Seine à Vernon. Les soldats se voient accorder deux semaines de repos dans le village, au cours desquelles ils fraternisent avec les habitants. Certains de ces liens vont perdurer pendant plus de 60 ans.
Le lieutenant britannique Peter Edge a payé de sa vie la libération de Giverny
Après ces moments de convivialité et le départ des Britanniques, les Givernois s’emploient à remettre leurs propriétés en état. Chacune a reçu des projectiles, surtout aux abords de l’église. Dans celle de Claude Monet, les vitres du grand atelier, des serres et de la maison ont été brisées, et quelques toiles ont été percées par des éclats de verre. Plus dramatique, des familles du village sont en deuil suite à la mort de trois civils pendant les combats.
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