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Empêchés de profiter des charmes de Barbézieux car il n’y avait plus de place pour eux à l’hôtellerie, les Monet ne s’attardent pas et foncent vers Bordeaux, à près de 90 km de là. Cela représente trois heures supplémentaires et ils auront bien gagné leur nuit de repos, mais l’arrivée est mouvementée :
… Nous ne sommes arrivés ici qu’à minuit. L’arrivée était plutôt grotesque ! Tu te souviens que cet hôtel « Des Princes et de la Paix » annonce un garage. Donc Sylvain s’apprête à y entrer, mais arrêt, il n’y avait même pas de porte cochère et quel aspect ! Pire que le Soleil d’Or. Aussi après avoir vu une chambre, sale, horrible, Monet se met en colère et prétextant le manque de garage, nous reprenons nos baluchons, attrapons un fiacre (Sylvain était parti dans un garage) et arrivons ici, où c’est plus propre. […] Nous venons de faire un déjeuner exquis « Au Chapon Fin » et regrettons bien de n’y être pas descendus, il y a hôtel et garage. Ce déjeuner m’a remise, j’étais éreintée et je mourais de faim. Pas mangé à Poitiers, c’était trop mauvais ! Nous ne nous sommes pas arrêtés pour dîner – bouffant seulement des kilomètres – c’est plutôt creusant ! […]
Lettre d’Alice Monet à sa fille Germaine, 10 octobre 1904, Bordeaux
Je ne sais pas si c’est le mot grotesque qui vous viendrait en premier pour qualifier une telle arrivée. Comme dans les aspects matériels du voyage, le passage du temps se note dans le choix du vocabulaire. Grotesque : ridicule, absurde, risible. Qui prête à rire par son côté invraisemblable, excentrique ou extravagant.
C’est bien ce qu’Alice veut dire, et j’adore qu’elle ait un tel sens de l’humour après une telle épreuve. Quelle femme ! Elle est épuisée, elle n’a pas mangé de la journée, et elle arrive à rire du comique de la situation et même à blaguer – bouffer des kilomètres, c’est plutôt creusant !
Au demeurant, l’hôtel des Princes et de la Paix jouissait d’une solide réputation et passait pour l’un des meilleurs de la ville. Pas de porte cochère ? Et cette chose verte en plein milieu ? Pire que le Soleil d’Or, un hôtel de Vernon… C’est dire ! Il faut tout de même un certain culot pour faire un esclandre à minuit, sans doute pour dénoncer sans frais la réservation.
J’ignore où ils sont descendus, mais l’hôtel Laubardemont, avec ses bossages autour des fenêtres, ne manque pas d’allure. Il date du XVIIe siècle et sa métamorphose par le cuisinier Sansot au XIXe siècle est assez amusante. Il est situé sur le côté du Grand-Théâtre, dans un des quartiers les plus prestigieux de la capitale girondine.
Le 5 rue Montesquieu n’est qu’à quelques pas, et le restaurant gastronomique Le Chapon fin existe toujours, même s’il ne fait plus hôtel. Le décor baroque de rocaille et de palmes a été conservé. Un petit texte affiché à l’extérieur note le passage « d’artistes de grande renommée » et cite Toulouse-Lautrec et Sarah Bernhardt. L’impression est la même qu’à l’hôtel de Tours, les propriétaires ont-ils connaissance de la venue de Monet en 1904 ?
Enfin arrivés à Bordeaux,90 km en 3 heures , dans la nuit et sans avoir pris un repas!!!
Elle a pu enfin savourer un bon repas mérité « au chapon fin » restaurant sans surprise,heureusement.
J’aime aussi les mots d’Alice « bouffer des kilomètres »
Déception à cet hôtel qui apparemment était réputé,étrange….et je doute aussi sur le manque de garage…
J’espère que tu as trouvé pour ta part un lieu d’hébergement confortable!
Oui, à Biarritz. Partis de Barbézieux, nous avons zappé la nuit à Bordeaux.