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L’étape de Biarritz marque un point d’inflexion dans le voyage vers l’Espagne des Monet. Vont-ils continuer en auto ou en train ? La Panhard-Levassor marchote depuis le départ de Giverny, et il n’est pas sûr qu’elle franchisse l’obstacle des Pyrénées. Le 10 octobre 1904, de Bordeaux, Alice s’en ouvre à sa fille Germaine :
Michel a été très gentil, il a travaillé et mis la main à tout, le pauvre Silvain, plein de bonne volonté, perd complètement la tête, veut tout démonter dans la voiture, enfin n’y est plus et manque complètement de sang-froid. […] Partout, on nous dit de ne pas entreprendre le voyage en auto en Espagne. Pas de routes, rien que des chemins, les meilleures autos se font remorquer par les boeufs ou mules.
Moi, cela me tente ; Michel bougonne, il voudrait déjà être rentré. Nous déciderons donc cela à Biarritz avec plus amples informations. […] »
« Moi, cela me tente ! » Elle m’épate, Alice. Quel esprit d’aventure ! Mais le lendemain, elle n’a guère d’illusions :
[…] La voiture marche mal et demain consultation à un garage et sans doute (et à mon grand désespoir) départ pour Madrid par le train. […]
Lettre d’Alice Monet à sa fille Germaine, Biarritz 11 octobre 1904
Ils prendront le train, mais ils ne partiront pas de la gare du Midi photographiée ci-dessus. Cette gare, devenue une salle de spectacles, est postérieure au voyage des Monet. Achevée en 1911, elle desservait Biarritz-ville et facilitait l’accès au centre depuis la gare dite de Biarritz-la-Négresse, sur la ligne Bordeaux-Irun, à 3 km de là.
Nous ne sommes pas allés voir la gare principale et nous nous sommes contentés de rêver devant le bel édifice voyageurs de la gare du Midi, dû à l’architecte Dervaux et destiné à plaire à la clientèle élégante du début du siècle.
Neurasthénique Alice,difficile à croire, à lire son engouement pour poursuivre le voyage en voiture vers les pyrenées!!
Vivement la suite…
Oui, elle m’a sciée avec son « moi, cela me tente » !