Si votre dernière lecture des Misérables remonte aussi loin que la mienne, vous avez probablement oublié que Victor Hugo situe une partie de l’intrigue à Vernon. Pour faire simple, c’est là que demeure le père de Marius.
Cet épisode nous vaut une description des plus charmantes de la ville vue côté Seine.
Quelqu’un qui aurait passé à cette époque dans la petite ville de Vernon et qui s’y serait promené sur ce beau pont monumental auquel succédera bientôt, espérons-le, quelque affreux pont en fil de fer, aurait pu remarquer, en laissant tomber ses yeux du haut du parapet, un homme d’une cinquantaine d’années coiffé d’une casquette de cuir, (…) se promenant à peu près tout le jour, une bêche ou une serpe à la main, dans un de ces compartiments entourés de murs qui avoisinent le pont et qui bordent comme une chaîne de terrasses la rive gauche de la Seine, charmants enclos pleins de fleurs desquels on dirait, s’ils étaient beaucoup plus grands : ce sont des jardins, et, s’ils étaient un peu plus petits : ce sont des bouquets. Tous ces enclos aboutissent par un bout à la rivière et par l’autre à une maison.
Victor Hugo, Les Misérables, Troisième partie – Marius – Livre troisième – Le grand-père et le petit-fils – Chapitre II – Un des spectres rouges de ce temps-là.
Je ne garantis pas cette vue de Vernon prise sur le motif, car il n’est pas sûr que le grand littérateur s’y soit arrêté. Je crois me souvenir qu’il n’a fait que voir la ville du train, c’est-à-dire fort peu.
Les Misérables sont parus en 1862, une époque où la quasi totalité des fortifications de Vernon était déjà démolie. Y a-t-il eu à leur place, pendant quelques temps, de petits enclos potagers ? Vingt ans plus tard, quand Monet peint la collégiale en 1883, on n’en voit aucun.
Et aujourd’hui, on a du mal à imaginer des terrasses et des enclos le long de la Seine, que ce soit au pied de la collégiale ou de l’autre côté du pont. Mais le niveau de l’eau était plus bas, et s’agissant de mouchoirs de poche…
Je me souvenais de la description de Montfermeil (puisque désormais j’habite à côté !) mais j’avais oublié Vernon. je ne promets pas de relire la totalité des Misérables, mais je chercherai au moins ces passages ! Bon dimanche Ariane.
On a toujours plaisir à relire quelques phrases de cette belle langue, et c’est facile à trouver sur internet.