Alice Hoschedé Monet mérite-t-elle une entrée dans wikipédia ? Le débat a agité un temps les coopérateurs anglophones de la célèbre encyclopédie en ligne. Qui ont tranché : être 'seulement' la femme d'un homme célèbre ne justifie pas qu'on vous consacre un article, tout peut être dit de ce qui concerne l'épouse ou la muse dans le texte dédié à l'homme célèbre en question.
Voilà donc Alice Hoschedé Monet ravalée au rang de femme de. Je ne crois pas qu'elle s'en serait offusquée, d'ailleurs, en femme bourgeoise du 19e siècle elle connaissait sa place dans la société.
Mais je dois dire que sa disparition dans l'ombre du grand homme me chagrine. Ne mérite-t-on pas au moins un hommage quand on a rendu l'oeuvre d'un autre possible ?
Alice était bien davantage que Madame Claude Monet : une femme admirable, qui a eu tous les courages. Née dans la richesse, elle a connu la misère, elle a dû faire le chemin si douloureux de l'opulence vers la pauvreté.
Elle a soigné et veillé des mourants, élevé huit enfants dont deux n'étaient pas les siens.
Elle a soutenu Monet sans faille dans ses recherches picturales, l'a réconforté quand il doutait. Elle a aimé Monet sans partage. Elle a supporté les séparations de plusieurs mois pendant les campagnes de peinture, elle a écrit chaque jour de longues lettres à Claude.
Elle a assumé la charge d'une grande maison où l'on recevait beaucoup.
Elle a connu la douleur de perdre une enfant, les souffrances d'une longue maladie. Elle était animée d'une foi inébranlable.
Le plus sidérant peut-être, c'est qu'elle ait eu l'audace de braver les conventions sociales en suivant celui qu'elle aimait, et en vivant avec lui sans pouvoir se marier. Ce n'est qu'après la mort de son époux Ernest Hoschedé qu'elle est devenue Madame Monet.
Alice est tout dévouement. Les lettres d'elles publiées par son arrière-petit-fils Philippe Piguet la montrent pleine de sollicitude maternelle, aux petits soins pour un Monet aux humeurs versatiles, cherchant à arrondir les angles, admirative et discrète. Et dans la gondole d'où il peint le palais des Doges, interminablement, pour ne pas faire trembler le pinceau, c'est d'elle-même qu'elle s'efface dans l'ombre, sans bouger, sans écrire, presque sans respirer.
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Bonjour,
Arrière petit fils d’Alice Monet, je tenais à ajouter à ce panégyrique de mon aïeule que c’était une femme de caractère qui tenait toute sa maisonnée à bout de bras! Je suis certain qu’elle avait le sens du dévouement comme illustré dans cette news mais c’était aussi une femme fière, non sans une certaine noblesse. La foi dans le génie de Monet, bien avant qu’il ne fût reconnu, n’est pas pour rien dans son relatif effacement devant le grand homme. Germaine, sa fille, ma grand mère, ayant vécu quasiment toute sa vie à Giverny (et moi-même ayant joyeusement gambadé dans le jardin et la maison), a su nous inspirer le plus grand amour et respect pour nos deux arrière grand parents, chacun avec ses qualités spécifiques.
Christian PIGUET Pékin, le 12 novembre.
Merci de nous apporter votre éclairage. Vous avez raison, je ne peux pas nier que c’est un panégyrique, même si je le pensais comme un hommage ! Alice est vraiment un modèle de femme, et que pourrait-on bien lui reprocher, à part, éventuellement, un peu de jalousie amoureuse ? Croyez-vous qu’elle était autoritaire ?
Je me pose aujourd’hui une question à laquelle vous saurez peut-être répondre. Comment appelait-elle Monet ? Faisait-elle usage de son prénom ?
Enfin, j’aimerais connaître votre réaction à cette phrase relevée dans une biographie en ligne : « En 1892, Monet épousa Alice Hoschedé avec qui il avait eu une aventure tandis qu’il était marié à Camille. » Je me pose des questions sur la distorsion que l’on donne à la vérité historique dès lors qu’on commence à parler d’un sujet. Pour en revenir au titre de ce billet, comment vivez-vous, vous, le fait de descendre d’un personnage célèbre ? Excusez-moi de vous bombarder de questions.