A l’entrée du jardin d’eau de Claude Monet, un rosier grimpant est en train de se couvrir de bouquets de petites fleurs rose pâle. C’est une variété ancienne devenue fort rare : la belle Vichyssoise.
Georges Truffaut, qui eut l’occasion de visiter plusieurs fois les jardins avec Monet et de rédiger un article à leur sujet, raconte :
Les bords des eaux furent ombragés de Rosiers à très forte végétation ou grimpant le long des arbres déjà existants, en particulier il utilisa à cet effet un rosier noisette d’une vigueur extraordinaire nommé la Belle Vichyssoise qui pousse jusqu’à une hauteur de 7 à 8 mètres et produit de longues grappes de petites Roses roses parfumées.
Revue Jardinage, novembre 1924
Les rosiers Noisette n’ont rien à voir avec le fruit à coque préféré des écureuils. Leur nom vient de Louis Claude Noisette, botaniste qui découvrit un hybride spontané de Rosa chinensis et de Rosa moschata au début du XIXe siècle. Selon Wikipédia, ‘La belle Vichyssoise’ est un cultivar obtenu en 1897 par Louis Lévêque fils. Son nom est un hommage à la ville de Vichy où Louis Lévêque se rendait en cure thermale.
A moins que nous ne sachions pas tout et que l’hommage s’adresse en fait à une charmante personne de Vichy dont l’histoire n’a pas retenu le nom. Peut-être monsieur Lévêque était-il amoureux.
Quand on a la chance de connaître, de source sûre, le nom d’une variété cultivée par Monet, il la faut dans le jardin. Encore faut-il pouvoir se la procurer. Gilbert Vahé s’est livré à de longues recherches avant de mettre la main sur cette grimpante « historique » et d’avoir la joie de la planter au jardin d’eau.
Hier j’ai remarqué que quelques boutons de ce rosier venaient de s’ouvrir, ce qui m’a donné envie de raconter son histoire aux personnes que je guidais. Il est rare que j’en parle, il y a tant d’autres choses plus importantes à dire pendant le temps si court de la visite. Quand j’ai prononcé le nom de la variété, j’ai vu un sourire se dessiner sur le visage de mon client, et ses proches se tourner vers lui d’un air de connivence : « C’est pour toi, ça, Jean-Pierre ! »
– Je suis né à côté de Vichy, m’a-t-il expliqué.
C’est le rêve de tout guide de mettre ainsi dans le mille, de personnaliser son commentaire pour que ses auditeurs se sentent concernés. On peut mettre en avant tel ou tel détail et donner ainsi un accent américain, suisse, japonais, belge ou anglais au commentaire sur Giverny. Aux visiteurs venus du Luxembourg j’ai parlé du musée du Luxembourg à Paris et de l’exposition Léon Monet. Ce n’est pas grand chose mais cela fait plaisir.
Evidemment, je n’avais aucune idée du lieu de naissance de mon client. C’est un coup de chance, de hasard ou d’intuition aiguillonnée par la vision des premières fleurs de ce rosier.
Source concernant l’emplacement : Gilbert Vahé, « Le jardin de Monet à Giverny – Histoire d’une renaissance », p 160.
I really wish that I could be on one of your guided tours, Ariane. You have so much knowledge about the gardens, about the Monet household, and about the Giverny area. Maybe…one day!
Maybe one day, yes. But you would know all what I explain during the limited time of the guided tour! 😉
Impressionnée par la hauteur de ce rosier et sa floraison il est,certainement difficile à trouver…
Tu as peut-être raison pour le nom..
Les visiteurs ont beaucoup de chance de t’avoir comme guide,j’espère un jour….
Quand un rosier est un hommage à une ville, il s’appelle ‘rosier ville de X’, c’est pourquoi je pense qu’il y a anguille sous roche !
Ah ah tu as raison,il devait être sacrément épris….
C’est ce que j’appelle être « dans le temps » (mon côté musique), quand tout concorde. C’est le temps universel.
J’imagine bien ce que vous avez dû ressentir. On est sur un petit nuage.