Voilà déjà cinq fois que Philippe Piguet vient donner lecture des lettres de son arrière-grand-mère Alice Monet à sa grand-mère Germaine Salerou. La lecture se passe à Giverny dans le salon-atelier de Monet, où des chaises sont installées après la fermeture, et c'est un moment rare.
Philippe Piguet est historien de l'art. Il a réuni environ 800 lettres familiales dont il prépare la publication. 640 pages dactylographiées concernent la vie de Monet, et le plus difficile, le plus douloureux est de faire des coupes pour que l'ouvrage ne devienne pas un énorme pavé. Le titre envisagé est "Monet au quotidien".
Les lettres déjà publiées par Philippe Piguet dans son "Monet à Venise" et ses lectures donnent une idée de la richesse de cette correspondance, qui fourmille de détails de première main, en particulier sur le moral fluctuent de Monet.
Tantôt Monet s'enthousiasme, et déclare que son jardin est "bien plus beau à peindre que tous les Vétheuil". Tantôt il doute, "il ne s'en prend qu'à lui-même, à sa vieillesse, à son impuissance." (C'est Alice qui souligne). Les mots d'anxiété, d'abattement, de découragement, de tristesse reviennent en leitmotiv dans les lettres d'Alice pendant de longue semaines, à son grand désespoir.
Ce n'est pas seulement le fait de devoir composer avec les périodes dépressives de son mari qu'elle trouve désespérant. C'est aussi parce que dans ces moments-là Monet ne travaille pas. Il ne produit rien. Il lui arrive même de détruire des toiles, lacérées à coups de couteau et jetées au feu.
Or Alice, elle, ne doute pas. Elle sait que Monet a du génie. Elle n'est heureuse que lorsqu'il peint. Selon son arrière-petit-fils, "Alice a convaincu Monet qu'il était dans l'Histoire. Elle a contribué à faire de lui le grand peintre qu'il est." Et à mesure qu'ils avancent tous deux en âge, elle a le sentiment aigu que le temps est compté. Elle trouve malheureux de voir passer les jours et les semaines sans que Monet ne se saisisse de sa palette.
Son intuition est juste, surtout en ce qui la concerne. Quand elle s'éteint en 1911, il reste à Monet quinze ans à vivre, qu'il emploiera à son chef-d'oeuvre absolu, les Grandes Décorations. Alice ne soupçonnait pas l'apothéose à venir, les Nymphéas de l'Orangerie. Selon Philippe Piguet, "ce qui fait la dimension universelle de Monet, ce n'est pas "Impression, soleil levant", ce sont les Nymphéas".
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Bonheur de revoir les Monet au sous-sol du musée Marmottan, et à l’exposition, en plus des paysages, "Blanche Hoschédé peignant avec sa soeur au bord de l’eau" et de somptueuses "Hémérocalles".
J’ai beaucoup aimé l’expo de Marmottan aussi, quelle richesse ! Le Nymphéa en haut de l’escalier m’a scotchée.
Bonsoir, Je consulte toujours avec beaucoup d’intérêt votre site.
Avez-vous des informations sur l’état d’avancement de la publication par Philippe Piguet des lettres d’Alice ? Je dispose déjà de son livre sur Monet à Venise qui contient les lettres très intéressantes d’Alice à sa fille Germaine. Je suis aussi intéressé par le Journal d’Alice ? Je n’en trouve aucune édition. Après des années de recherche, je viens de me procurer le catalogue raisonné avec les lettres de Monet. Je passe des heures délicieuses à lire ses lettres et je découvre un autre homme que celui présenté dans la majorité des biographies.
Merci d’avance.
Marc
Bonjour Marc, je n’ai pas d’information sur la publication des lettres d’Alice. Le blog de Philippe Piguet n’en parle pas, pas plus que de la publication de son journal. Oui, rien de tel que les écrits des intéressés pour les « entendre » dans toute leur fraîcheur. Bonne lecture !