Gargouille

gargouille de la collégiale Notre Dame de Vernon, photo Anne ChrysotèmeIl pleut aujourd’hui. A la collégiale de Vernon, la pluie glisse le long du toit, court dans les cheneaux, s’engage dans les gargouilles et s’en va éclabousser les pavés dix ou vingt mètres plus bas.
On reste perplexe devant ces monstres qui entourent les églises gothiques. Que signifient-ils ? Emile Male, érudit spécialiste de l’iconographie du Moyen-Age, explique tout dans « L’art religieux du XIIIe siècle en France »… sauf le sens des gargouilles. « Aucun symbolisme ne peut expliquer la faune monstrueuse des cathédrales », tranche-t-il en 1898. Mais comme ils les aime, ces vilaines bêtes !

Il reste à rendre compte des êtres innomés qui se sont abattus sur les contreforts, sur le haut des tours, comme des colonies d’oiseaux chimériques. Que nous veulent ces gargouilles au long cou, qui hurlent dans les hauteurs ? Si elles n’étaient retenues par leurs lourdes ailes de pierre, elles s’élanceraient, prendraient leur vol, feraient sur le ciel une effrayante silhouette. Aucun temps, aucune race ne conçurent jamais plus terribles larves ; elles participent à la fois du loup, de la chenille, de la chauve-souris. Elles ont une sorte de vraisemblance qui les rend plus redoutables. Derrière Notre-Dame de Paris on en aperçoit quelques-unes, abandonnées dans le jardin, que le temps achève de détruire. On croirait voir les monstres encore inharmoniques de l’âge tertiaire, se réduisant peu à peu, s’apprêtant à disparaître. »

A Vernon aussi, on peut voir une gargouille de près, joliment mise en valeur dans le square derrière l’hôtel de ville. C’est un chien vêtu d’un capuchon à bord crénelé typique du Moyen-Age. Son expression a quelque chose qui fait froid dans le dos.


2 commentaires

  1. Page très intéressant, maisvisitant cet église j’ai vu un bénitier ou baptistère curieux, pouvez-vous m’en dire plus? Merci

  2. Vous parlez du petit ange sur la gauche en entrant, qui a une tête sur son ventre ? Je n’ai pas beaucoup d’informations pertinentes à ce sujet, si ce n’est que le goût pour les grotesques si vif à l’époque romane a perduré au Moyen-âge. On aimait les têtes avec des pattes, les corps à deux têtes, etc. A l’église Saint-Taurin d’Evreux on voit une tête d’homme sortant d’un escargot sous le bénitier de l’entrée.

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