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Crashs aériens

Monument à la mémoire des soldats britanniques tombés à GivernyOn inaugure aujourd’hui à Paris le monument aux victimes du crash aérien de Charm el Cheik, survenu il y a tout juste trois ans. 143 touristes français rentraient de vacances en Egypte quand leur avion s’est abîmé dans la mer Rouge. Ma soeur était à bord.
J’y pense encore souvent. Je rencontre beaucoup de touristes, et il suffit qu’ils expriment de l’appréhension à l’idée de prendre l’avion pour que toute l’angoisse revienne. Changeons de sujet.

Un nouveau monument vient d’être érigé à Giverny. Il a été judicieusement placé derrière l’église, à côté de la tombe des Monet et de celle de la famille van der Kemp. C’et un endroit propice au recueillement.
Deux blocs de pierre brute encadrent une pale d’hélice.
Elle appartenait à un avion de la Royal Air Force, un bombardier Lancaster qui s’est écrasé dans la plaine des Ajoux, à Giverny, le 7 juin 1944. Sept jeunes soldats britanniques ont péri. Ils reposent dans le cimetière de l’autre côté de l’église. Leur tombe se repère facilement au drapeau qui flotte au-dessus.
Les débris de l’avion sont restés pendant des années enfouis au milieu du champ où il était tombé. On dirait bien qu’on en distingue encore l’emplacement sur la photo satellite de Giverny.
Et puis, il y a quelques années, une association est venue faire des fouilles. Aucune mention n’est faite de ce groupe de passionnés sur la stèle qui accompagne le monument. Ils ont préféré s’effacer devant le sacrifice de l’équipage du Lancaster, je suppose.
Je me souviens de l’émotion qu’avait suscitée la mise au jour des restes de l’avion. Soixante ans plus tard, la terre où gisait le moteur sentait encore l’huile…

C’est donc une pièce de cet avion qu’il nous est donné de voir sur le monument. Une pale à la courbure aérodynamique, la partie la plus belle de l’avion, celle qui le fait avancer.
Les paradoxes s’accumulent autour de cette pale d’hélice. Paradoxe d’un engin fait pour voler qui s’écrase. Paradoxe d’un équipage composé de courageux soldats venus libérer l’Europe, mais qui transportait des bombes. Paradoxe de jeunes gens plein d’avenir qui ont trouvé la mort à Giverny. Paradoxe de la paix qui a suivi leur sacrifice et celui de tant d’autres, et qui unit aujourd’hui les ennemis d’hier.

La pale a retrouvé tout son éclat d’origine, elle brille avec un beau reflet argenté.
Si on la regarde attentivement, on remarque pourtant que la partie basse de l’hélice n’et pas aussi rutilante que le haut. En s’agenouillant, on voit des traces noires. Des impacts creusés dans le métal. L’histoire de la chute de l’avion se révèle.
On peut mettre les doigts dans ces traces, toucher du doigt l’horreur de la guerre. Après soixante ans de paix sur notre sol, ceux qui n’en ont pas la mémoire savent-ils vraiment ce qu’est la guerre, avec son cortège de sang et de larmes ? Au fond de nous, les jeunes générations, nous sommes incrédules. Comme saint Thomas, nous avons besoin de toucher du doigt les stigmates pour croire. Nous persuader de l’épouvantable.


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