Il n'y paraît pas, mais voici un objet précieux. C'est un sarcophage mérovingien gallo-romain (voir commentaires). Précieux pour la connaissance de l'histoire normande, s'entend. Car il reste bien peu de renseignements sur cette période du haut Moyen Age qui va du 6e au 8e siècle, quand régnait la dynastie de Mérovée. Les Vikings ont saccagé toutes les archives des monastères lorsqu'ils ont envahi la Normandie, entre la mort de Charlemagne et le traité de Saint-Clair sur Epte en 911.
Tout porte à croire que cela n'allait pas fort en Normandie à cette période. Dans l'Eure, on a retrouvé des cimetières mérovingiens surtout le long des cours d'eau et sur le plateau du Vexin. Des secteurs entiers, cultivés à l'époque gallo-romaine, semblent vides de peuplement au temps des Francs. Les historiens émettent l'hypothèse qu'ils sont retournés à l'état de friche et de forêt, une hypothèse corroborée par une autre donnée : dans ces zones vides d'habitat mérovingien, les noms de lieux d'origine scandinave sont nombreux. Cela laisse penser qu'ils ont été défrichés à nouveau quand les Vikings se sont installés en Normandie.
Ce sarcophage mérovingien découvert à Vernon se trouve maintenant dans un petit square au bord de la Seine, à l'arrière de l'église. Il a été taillé dans un même bloc de pierre et doit être fort lourd.
Son absence de décor donne peu d'indications, et pourtant, la pierre raconte toujours quelque chose. En l'examinant de près, on reconnaît dans le calcaire les morceaux de silex caractéristiques de la pierre de Vernon. Ce petit détail m'a touchée comme un lien entre les Vernonnais d'il y a 1500 ans et ceux d'aujourd'hui, aux prises avec le même matériau local.
Ceux qui nous ont précédés en ces lieux il y a quinze siècles ont eu le projet d'enterrer dignement l'un des leurs. Ils ont extrait les monolithes d'une carrière située sur la rive opposée, les ont creusés, ils leur ont fait traverser le fleuve pour venir inhumer le corps à l'intérieur de la cité, tout près d'une église aujourd'hui disparue.
Ma chère Ariane, j’aime cette pierre de Vernon, ma Ville natale, dans mon enfance nous avions à la maison une table en pierre, de la même facture, elle dégagair une ame, celle de Vernon et de son Histoire avec un grand H, pas sûr que les construction actuelle soient debout dans 1500 ans ! bravopou votre blog que je viens visiter chaque jour…
Je suis moi meme originaire de Vernon et c’est vraiment interessant de voir ressurgir les vestiges de l’histoire de France. Les Mérovingiens comptent quand meme 17 rois en tout !
Bonjour,
savez-vous précisement ou a été découvert ce sarcophage ?
Cdlt
ARSHALL
Celui-ci précisément, non, on en a trouvé le long de la collégiale rue des Chanoines, et derrière la mairie, dans la rue Sainte-Geneviève.
Pour répondre à la question de Arshall, ce sarcophage a été découvert en 1964 au 23 de l'avenue de l'Ardèche au coeur d'un secteur où une vingtaine d'autres cercueils de pierre avaient été localisés en 1844. Cette nécropole n'était pas mérovingienne. Elle était bien plus ancienne puisque la présence sur les arcades orbitaires des crânes de monnaies de bronze et d'argent aux effigies des empereurs Trajan et Antonin signent clairement l'époque gallo-romaine. Votre confusion est tout à fait compréhensible, chère Ariane, dans la mesure où de nombreuses sépultures mérovingiennes furent découvertes autour de la collégiale et dans le secteur de la rue Sainte Geneviève effectivement. Bravo pour vos articles et vos photos. Cordialement.
Alexandre, merci pour vos précisions. Il va falloir que je modifie mon article en conséquence car je ne voudrais pas diffuser une information erronée. Y a-t-il une différence dans la forme de la pierre entre les sépultures gallo-romaines et les mérovingiennes ? Peut-on faire la différence au premier coup d’oeil ? Et peut-on voir des vestiges mérovingiens à Vernon ? J’aurais encore d’autres questions, sur ce que sont devenues les pièces de monnaies, où est passé ce sarcophage qui a disparu des bords de Seine, et sur ce qui motive votre intérêt pour ce vestige, mais cela fait peut-être trop de questions…
En fait, ma connaissance sur ce sujet provient surtout de la lecture très récente d'un article paru dans un numéro du démocrate datant de 1964. Il était expressément expliqué comment ce sarcophage avait été découvert, la datation qui en avait été faite grâce à ces pièces de monnaie et le fait que l'entreprise James avait accepté à la demande de la ville de le transporter en bord de Seine sur l'herbe à côté du pavillon Bourbon Penthièvre. Je ne suis pas sûr que ce soit la forme de la pierre taillée qui indique l'époque, mais je ne suis pas spécialiste. Ce qui est sûr, c'est que de nombreuses tombes mérovingiennes furent donc découvertes quelques décades plus tôt en centre-ville. J'ai quelques scans d'articles à ce sujet si cela vous intéresse. Pour revenir à ce sarcophage des bords de Seine, on m'a répondu qu'il était actuellement dans un atelier des services techniques en attendant la fin des 'travaux' de ce site. Comme je l'écris dans un article à paraitre sur le sujet dans notre page facebook de l'Agence de Tourisme Temporel Vernonnaise, j'espère que ce vestige sera remis à sa place et que son origine sera mieux explicitée. Enfant, je me suis souvent interrogé sur sa provenance. Tant de touristes débarquent à cet endroit même en provenance des bâteaux. Ils seraient certainement intéressés. Concernant mon article que vous pourrez retrouver prochainement (ainsi que les 85 autres concernant le 'roman local' vernonnais sur notre blog : attv27.blogspot.fr si vous n'êtes pas sur facebook), j'aurais d'ailleurs peut-être une petite faveur à vous demander., chère Ariane Je trouve en effet très belle votre photo de ce sarcophage. J'avais prévu de glisser en illustration une photo de celui-ci ouvert en noir et blanc, prise en 1964, mais si vous m'en accordiez la permission, la vôtre aurait bien plus d'attrait. Bien à vous.
Alexandre, j'ai plusieurs photos, je vous les envoie, vous pourrrez choisir. Cela m'a bien amusée de voir Fernand Raynaud aux Tourelles dans votre page FB, vous avez déniché des archives filmées qui valent leur pesant de cacahuètes ! Bonne continuation !