J’hésite à vous parler du Saint Christophe de Louviers tant la photo, comme la fresque elle-même, est sombre. Mais s’agissant d’une fresque du 15ème siècle non restaurée, c’est déjà un miracle de l’avoir conservée dans son état actuel. Elle se trouve à l’entrée de l’église, à côté du célèbre vitrail des drapiers.
Lors du badigeonnage général de l’église, à la fin du 18ème siècle, il disparut ainsi que les peintures polychromes dont les traces subsistent dans diverses parties de l’église. Toutefois, (…) la différence du procédé d’exécution, (…)le badigeon s’effritant, nous laissa le saint Christophe à peu près intact.
On distinguait sans doute mieux la fresque à la fin du 19ème siècle quand l’historien local Charles Dubourg s’est intéressé à elle :
Le saint, vêtu d’une tunique à plis garnie de fourrure, est armé d’un bâton noueux et tient sur sa puissante épaule l’enfant Jésus, qui appuie sur la tête du géant le globe du monde surmonté d’une croix très longue. Tout en haut de l’ogive, Dieu le père, au milieu d’une gloire, contemple la scène. Dans le lointain se trouvent encore les traces d’un paysage très compliqué et notamment à droite on aperçoit une église parfaitement dessinée, dans le goût du XVe siècle.
Le culte de Saint-Christophe est apparu au Moyen-Âge. Selon la croyance populaire, il suffisait de voir son image le matin pour être protégé des maladies et des accidents jusqu’au soir. On se mit donc à élever de gigantesques statues de Saint-Christophe aux portails des églises ou comme ici de grandes fresques à l’intérieur, près de la porte.
Il y avait deux raisons pour représenter le saint de façon surdimensionnée. Pour le voir de loin afin d’en recevoir la protection, et parce que, selon la légende, c’était un géant.
Tout part de là. Voilà un homme qui se voit si grand et si fort qu’il veut se mettre au service du roi le plus puissant du monde. Il sert d’abord un grand souverain, mais il s’aperçoit un jour que le roi se signe avec effroi quand il entend le mot diable. Si le diable lui fait peur, c’est que le diable est plus puissant, raisonne le géant ; il part donc à la recherche du diable, et le trouve bientôt.
Puissant, le diable ? Certainement, mais le géant ne tarde pas à se rendre compte que la vue d’un crucifix lui fait faire un détour. C’est donc que le Christ est plus puissant que le diable !
Le voilà parti à la recherche du Christ. Le géant rencontre un ermite et, sur ses conseils, se met à servir Jésus en aidant les voyageurs à passer un torrent impétueux.
Un jour, un enfant lui demande de traverser. Le géant le place sur ses épaules et s’engage dans la rivière. Mais soudain l’enfant se fait lourd, lourd… Le géant manque de se noyer. Au prix de gros efforts, il atteint la berge. L’enfant lui révèle alors qu’il est le Christ et qu’il vient de porter tout le poids du monde. Il le baptise « Celui qui porte le Christ », Christofero en latin.
Christophe multiplie alors les miracles les plus extraordinaires, et se révèle très difficile à martyriser par l’empereur païen. Il survit au fouet, au feu, aux flèches, avant de mourir décapité. Un dernier miracle parvient enfin à convertir l’empereur. C’est cette résistance à tous les supplices qui est la source de la superstition qui s’est attachée à Saint-Christophe.
Bonjour Chère Ariane, j’aime beaucoups Saint Christophe… que l’on fête le 21 août chaque année ! son histoire est fabuleuse, sa fin ? J’aime beaucoup moins ! Bon Week-End, Christophe Devé.