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Photo de famille

Famille de MonetAimez-vous feuilleter les albums de photos de famille anciens, ceux qui datent de bien avant votre naissance ? Quand les tirages étaient minuscules mais nets, au temps du noir et blanc ou du sépia.
Même en se faisant aider d’une personne de la génération précédente, le mystère plane souvent sur les clichés. On scrute les visages, les coiffures, les vêtements. On essaie de deviner qui cela peut bien être. Les photos intriguent. On pressent que tous les objets entrevus ont une histoire, mais plus personne n’est là pour la raconter.
C’est un paradoxe que de pouvoir examiner chaque détail, chaque expression des personnages à l’instant de la prise de vue, mais de ne rien savoir de ce qu’eux connaissaient parfaitement, le nom des gens qui les entourent, la date et l’heure, le lieu, la raison d’être de ce cliché… Qui a dit « et si on prenait une photo ? » Qui s’est placé derrière l’objectif ? Que ressentaient ceux qui posent à cet instant ? Quel lien d’affection ou d’animosité les unissait ?
C’est le vertige du temps qui passe que la photo révèle en nous laissant entrevoir un instant d’autrefois suspendu, figé jusqu’à ce que le support de la photo se détériore. Petit voyage dans le passé qui nous trouble et nous fascine.

J’ai découvert au détour d’un livre en allemand, Monets Garten (Hatje Cantz Verlag) cette photo conservée… au musée de Vernon. L’auteur suppose qu’il s’agit des quatre filles d’Alice Hoschedé, la seconde femme de Claude Monet. Entre nous je leur trouve l’air un peu décontracté, à ces demoiselles, et pour tout dire presque avachi. Mais leur attitude montre toute l’entente qui devait régner entre elles.
Le monsieur debout qui ressemble tellement à Monet pourrait être son frère aîné Léon, qui habitait à côté de Rouen. La dame assise devant lui serait-elle son épouse ? Et l’autre qui a l’air de se cacher / respirer un bouquet de fleurs / se moucher, qui est-elle ?
Le cadrage est large. On voit des fauteuils vides sur la gauche. Ils étaient sans doute occupés l’instant précédent, avant que tout le monde ne se rassemble pour faire face à l’objectif.
Surtout, il y a les tableaux. L’auteur du livre les analyse comme la collection personnelle de Monet, accrochée, selon lui, dans le salon.
Monet possédait beaucoup de tableaux de ses amis peintres, cadeaux, achats, échanges avec Renoir, Pissarro, Cézanne, Sisley, Berthe Morisot, Corot, Jongkind, Caillebotte, Boudin… D’autres auteurs affirment que cette collection était exposée dans sa chambre à coucher, trente-cinq toiles qui devaient la tapisser entièrement.
Je ne sais pas qui a raison. Mais j’ai bien regardé à Giverny, aucune pièce ne m’a paru correspondre à cette disposition des fenêtres. Alors, c’est où ? Quels sont ces tableaux ? Qui sont tous les personnages ?
Derrière son apparente netteté, cette photo garde autant de mystère qu’une vue de Vétheuil dans le brouillard.


6 commentaires

  1. Les dates de naissance : Marthe 1864, Blanche 1865, Suzanne 1868, Jacques 1869, Germaine 1873, Jean-Pierre 1877. Suzanne épouse Théodore Butler, meurt prématurément, et Butler épouse sa soeur Marthe pour élever les deux enfants. Blanche épouse Jean Monet et s’occupe de Claude pendant ses vieux jours. Germaine épouse Georges Salerou et part vivre sur la côte d’Azur. Jacques lasse la famille par ses demandes d’argent répétées, il en est écarté. Jean-Pierre Hoschedé écrit un précieux recueil de souvenir, Monet ce mal-connu.

  2. Cette photo n'est pas une photo de la famille Hoschedé-Monet. Ce n'est pas l'intérieur de chez Monet à Giverny ni ailleurs, ce ne sont pas les filles Hoschedé. De toutes les façons, leur robes et pantalons pour une, sont d'une époque beaucoup plus tardive (peut-être les années 1910-20) que celle de leur jeunesse qui se situe dans les années 1880-90…A ce moment-là, elles portaient encore des robes "à tournure".  L'homme assis à droite ne ressemble pas du tout à Monet. 

  3. Oui, l'auteur du livre s'est probablement trompé. Les tableaux sont tout aussi mystérieux que les personnes. Si on identifiait les uns on retrouverait les autres. 

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Merci de respecter mon travail en ne les copiant pas sans mon accord.
Ariane.

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