Les bancs publics s’ennuient depuis que le public les fuit. C’est l’époque de l’année où ils ont le moral en berne. Ils doutent de leur utilité. Leur métier a-t-il un sens ? Ils réfléchissent à une reconversion en banc de gare, une délocalisation sur un quai de métro.
Certains, comme ce banc à Giverny, ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. On les a déshabillés de leurs lattes de bois trop fragiles pour résister aux intempéries. Il ne reste plus que leur squelette de béton armé tout nu dans le froid de l’hiver.
Le banc le long de l’Epte est morose. Car pour comble de disgrâce il ne peut même pas se distraire avec le spectacle des canards. Il tourne le dos à la rivière, face au chemin où nul ne chemine.
Ailleurs, les bancs de bois tendent toujours leurs planches vernissées aux passants. Des fois qu’un bonhomme de neige poursuivi par le froid voudrait s’asseoir un instant. Sont-ils parcourus d’une sève tiède ? La neige y fond, fond, fond, ne laissant qu’une flaque d’eau.
Pour passer le temps, le beau banc bâlois au bois éblouissant invente des histoires en regardant passer le Rhin.
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Je me suis assis un instant sur votre banc
et m’y suis senti bien