Le vent n’a pas eu en Normandie la violence dont il a fait preuve dans le sud-ouest. Ici il a fait tomber quelques branches, mais il a épargné les vieux arbres.
Dans les jardins, quand l’herbe se mettra à pousser ce bois mort sera un piège pour la tondeuse, il faut donc le ramasser. Si on a la fibre écolo, on l’entasse dans un coin où il ne gêne pas pour offrir le gîte et le couvert à de minuscules organismes en début de chaîne alimentaire. On peut aussi en faire des oeuvres d’art ou lui donner une deuxième vie comme radeau.
Tout ce bois mort qui jonche le sol, cela aurait été une aubaine autrefois, quand on allait ramasser en forêt de quoi se chauffer. La coutume normande autorisait les riverains à se servir gracieusement et sans autorisation préalable, mais seulement en bois mort. Le bois vif, celui qui porte des feuilles et des fruits, était réglementé.
Et puis, morbleu ! il ne fallait pas confondre le bois mort et le mort-bois. Cela sonne comme bonnet blanc et blanc bonnet, mais pas du tout.
Le mort-bois est du bois bien vivant, comme son nom ne l’indique pas. Le mot est une corruption de « mauvais bois ». Selon la charte aux Normands, il désignait le bois de faible valeur car ne portant pas de fruit, à savoir le saule, les épines, les genêts, etc. Selon les coutumes locales les riverains avaient ou non le droit de s’en servir pour « clore leur héritage » ou pour d’autres usages.
Il ne faisait pas bon enfreindre ces règles. Les tribunaux avaient à connaître un très grand nombre de conflits liés à l’usage de la forêt. Et les amendes pleuvaient. On imagine la manne financière, bien avant l’invention du radar automatique.
Aujourd’hui si on passait un examen de ramassage de bois, je crois qu’il y aurait pas mal de recalés. Ce qui n’a aucune importance puisque la règle est devenue super simple : même le bois mort, on n’a pas le droit de le prendre. Il est indispensable à l’équilibre de la forêt de Normandie et d’Ile de France, qui, nous dit-on, en manque beaucoup.
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