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Le silence des signes

reflet du pont japonais de MonetJe n’avais jamais guidé de sourds. L’expérience s’est révélée d’une richesse extrême.
La première chose qui m’a frappée, c’est le silence. Les ados papotaient et plaisantaient en langue des signes dans un calme absolu. Communiquer sans déranger les autres, quelle merveille ! Cela évoquait les gestes des moines pour ne pas rompre leur voeu de silence.
Quand nous parlons, nous diffusons notre message à toutes les oreilles aux alentours, qu’elles soient tournées vers le locuteur ou non. La langue des signes en revanche impose que celui à qui l’on s’adresse vous regarde signer. Il peut à tout moment décider de rompre la communication en regardant ailleurs.
Pour le guidage, il importe que chacun voie très bien l’interprète. Il faut aussi éviter de parler en marchant ou en montrant des choses : on ne peut pas avoir les yeux partout.
En revanche la vue porte mieux que la voix. Quelqu’un assis sur un banc à plusieurs mètres suivra très bien les signes, tandis qu’il aurait du mal à vous entendre.
Autre avantage majeur : les bruits extérieurs ne gênent plus. Plus besoin de chercher un endroit calme. Oubliés, les camions sur la route, la tondeuse, les pleurs des bébés, le coq qui cocoricote ! Seule la vue compte, les sons sont effacés, beaucoup de nuisances en même temps.
Les handicapés nous challengent. Quand un sens leur manque, ils développent d’autres ressources en compensation. Comment perçoivent-ils le monde ? Il nous faut faire un effort pour imaginer les implications du handicap, essayer de comprendre et de s’adapter. Nous pousser à voir les choses sous un autre angle, c’est le beau cadeau qu’ils nous font.


4 commentaires

  1. Je suis particulièrement sensible à ce billet, puisqu’il touche à mon quotidien professionnel. Belle appréhension de cette langue, Ariane. Cependant, ce n’est pas toujours vrai que les sourds sont silencieux. Je suppose que là, ils devaient être attentifs et respectueux. Parfois les groupes d’ados qui "discutent" entre eux sont tout aussi bruyants que les entendants 😉 : rires, apostrophes, cris entre les uns et les autres, joie ou tensions parfois, comme nous tout simplement.
    Bonne journée.

  2. Encore un bel article sensible. Je tente d’apprendre la langue des signes et c’est tout sauf facile pour un entendant de base… il faut s’exprimer avec le corps entier, les mains, le son compte aussi car il y a les vibrations mais c’est un son sans agression, il faut poser ses habitudes et faire un pas dans un monde différent où l’ouverture et l’attention aux autres priment, il faut synthétiser les idées et nous n’en avons pas forcément l’habitude. Même si c’est encore un jeu, nous remarquons que deux entendants élèves qui se croisent hors cours vont spontanément se saluer en LSF, c’est singulier et émouvant !

  3. C’est une photo de la même chose vue sous un angle inhabituel. Bravo de vous lancer dans l’apprentissage de la langue des signes ! Ca fait vraiment envie. Contrairement au japonais, j’arrivais à suivre l’interprétation en langue des signes. Le signe nénuphar est plutôt amusant !

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Ariane.

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