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Exposition Joan Mitchell

Expo Joan Mitchell à Giverny Le musée des impressionnismes de Giverny renoue avec son passé de vitrine de l’art américain en accueillant jusqu’à la fin de la saison une exposition consacrée à l’artiste américaine Joan Mitchell.
Née en 1925, l’année précédent la mort de Monet, Mitchell n’est évidemment pas une artiste impressionniste. Elle appartient à l’un des courants post-impressionnistes, l’expressionnisme abstrait, mais son parcours la rapproche curieusement de Claude Monet. On pourrait multiplier les points communs, de sa résidence à Vétheuil à son goût pour la couleur, en passant par la frontalité de sa peinture qui rappelle les toiles tardives du maître de Giverny, son penchant pour les grands formats, ou encore son addiction fatale au tabac.
Artiste majeure, Joan Mitchell s’impose depuis quelques années sur le marché de l’art international. Avec un prix de vente record de 7 millions de dollars, elle est la vice-championne du monde des enchères parmi les artistes féminines, derrière la Russe Natalia Goncharova.
L’exposition retrace une grande partie de sa carrière, depuis ses premières oeuvres des années cinquante jusqu’à la décennie de sa mort, en 1992, à travers une vingtaine d’oeuvres monumentales. On est saisi par ces toiles de grandes dimensions parcourues de vibrantes touches colorées, intenses, d’une incroyable présence. Elles tiennent le mur. Elles captent le regard à vous hypnotiser.
Dans l’interview télévisée proposée en contrepoint des oeuvres, Joan Mitchell est filmée dans son atelier de Vétheuil. Elle fait quelques révélations éclairantes, comme lorsqu’elle explique que son penchant pour les polyptyques vient de ses difficultés à peindre des toiles horizontales. Elle en fait donc plusieurs verticales qu’elle juxtapose.
Surtout, on découvre dans cette interview la personnalité de l’artiste : l’effet qu’elle produit est le même que celui des oeuvres, un mélange de séduction, d’intransigeance, de manière frontale de répondre aux questions qui tournerait vite à l’affrontement. « Vous avez dit qu’une toile fonctionne ou ne fonctionne pas. Qu’entendez-vous par là ? » lui demande la journaliste. « Vous voulez que je vous fasse un cours d’histoire de l’art ? » répond abruptement Mitchell. Pour avouer un peu plus tard qu’elle serait incapable d’enseigner.
Elle est émouvante de sincérité, passant de l’ironie à l’auto-dérision, avant de livrer un poignant témoignage sur la difficulté d’être artiste. On sent qu’elle est en prise avec quelque chose qui la dévore, elle lutte, elle voudrait rendre ce qu’elle ressent. On retrouve Monet.


4 commentaires

  1. Ma chère Ariane,
    Permettez moi de vous offrir ces quelques videos pour illustrer ce très beau post :

    – Tout d’abord la Petite et la Grande Joan interviewées toutes les deux ensembles;

    – Et puis aussi les 12 minutes et 10 secondes comprisent entre 22:30 et 34:40 de la vidéo ci-dessous où le thème de la filliation d’avec Monet fait l’unanimité :

  2. Je me souviens d’une exposition de Joan Mitchell au Jeu de Paume à Paris, après le départ des Impressionnistes vers Orsay : de grandes toiles magnifiques et "vibrantes", comme vous l’écrivez.
    Vice-championne du monde des enchères, quel curieux titre de gloire !
    Jolie bannière sur fond d’azur.

  3. Je l’ai vue hier, avec beaucoup de plaisir. Et hier soir en rentrant, je suis tombée par hasard sur "l’humeur vagabonde" (France Inter 20 h 10) sur .. Joan Mitchell. Très très intéressant et écoutable 8 jours sur le site de France Inter.

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Ariane.

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